« Je vois trois priorités immédiates pour atténuer la douleur et la souffrance que nous voyons tous se dérouler en temps réel », a déclaré Martin Griffiths, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, devant les membres du Conseil.
« Premièrement, les parties doivent veiller en permanence à épargner les civils et les habitations et infrastructures civiles dans leurs opérations militaires. Cela comprend l’autorisation d’un passage sûr pour les civils quittant les zones d’hostilités actives sur une base volontaire, dans la direction de leur choix. Tous les civils, qu’ils restent ou partent, doivent être respectés et protégés », a-t-il dit.
« Deuxièmement, nous avons besoin d’un passage sûr pour les fournitures humanitaires dans les zones d’hostilités actives. Les civils dans des endroits comme Marioupol, Kharkiv, Melitopol et ailleurs ont désespérément besoin d’aide, en particulier de fournitures médicales vitales. De nombreuses modalités sont possibles, mais cela doit se faire dans le respect des obligations des parties en vertu des lois de la guerre », a-t-il ajouté.
Etablir un système de communication constante
Troisièmement, selon Martin Griffiths, il y a « un besoin urgent d’un système de communication constante avec les parties au conflit et d’assurances pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire ». « Un système de notification humanitaire peut soutenir la livraison de l’aide à l’ampleur nécessaire », a-t-il précisé.
Le chef de l’humanitaire a indiqué qu’il avait déjà transmis ces trois points à l’Ukraine et à la Russie.
« Sur mon troisième point, mon bureau a envoyé une équipe à Moscou pour travailler sur une meilleure coordination civilo-militaire humanitaire pouvant nous permettre d’intensifier nos efforts. Cela fait suite à l’appel téléphonique de vendredi dernier entre le Secrétaire général et le ministre de la Défense de la Fédération de Russie, Sergueï Choïgou », a-t-il souligné. « Les équipes de l’ONU ont tenu la première réunion technique avec les représentants du ministère de la Défense. Je salue la coopération des deux parties et espère sincèrement voir de nouveaux progrès dans les heures à venir ».
Des enfants traumatisés
La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Catherine Russell, a rappelé aux membres du Conseil de sécurité que les huit dernières années de conflit avaient déjà infligé des dommages profonds et durables aux 7,5 millions d’enfants en Ukraine, et que les menaces n’ont fait qu’augmenter avec la crise actuelle.
Depuis le début des combats, au moins 27 garçons et filles ont été tués et 42 ont été blessés. L’UNICEF s’attend à ce que le nombre d’enfants victimes, ainsi que les déplacements, augmentent. La moitié des réfugiés sont des enfants.
En outre, des maisons, des écoles, des orphelinats et des hôpitaux ont été attaqués, tandis que des installations d’eau et d’assainissement et d’autres infrastructures civiles ont été touchées, affectant des millions de personnes.
« Ce qui arrive aux enfants en Ukraine est un scandale moral », a déclaré Mme Russell, lors de son premier exposé au Conseil depuis sa nomination en décembre. « Les images d’une mère, de ses deux enfants et d’un ami gisant morts dans la rue – frappés par un mortier alors qu’ils tentaient de fuir vers un lieu sûr – doivent choquer la conscience du monde. Nous devons agir pour protéger les enfants de cette brutalité ».
Mme Russell était récemment à la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie, où elle a rencontré des enfants et des mères.
« Les enfants ont raconté avoir été soudainement retirés de l’école, d’avoir perdu des jouets bien-aimés et ont parlé du bruit terrifiant des bombardements et des coups de feu. Beaucoup d’enfants ont été profondément traumatisés », a-t-elle rapporté.
Actuellement, l’UNICEF compte 135 employés en Ukraine, et d’autres sont en cours de déploiement. Les équipes soutenues par l’agence atteignent les enfants partout où elles le peuvent, fournissant des soins psychosociaux, un soutien en matière de santé mentale et des services de protection.
L’UNICEF et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont également appelé à une plus grande protection pour les enfants non accompagnés et séparés qui franchissent les frontières, et pour quelque 100.000 enfants en Ukraine vivant dans des institutions de soins ou des internats, dont la moitié sont handicapés.