« Le Burkina Faso a besoin de paix, de stabilité et d’unité pour assurer que les populations puissent avoir accès aux services essentiels, à la protection et aux moyens de subsistance », a déclaré dans un communiqué, Barbara Manzi, la Coordinatrice résidente des Nations Unies au Burkina Faso et Coordinatrice humanitaire. Une façon pour l’ONU de rappeler que les agences des Nations Unies sont au service de toute la population burkinabè.
Et face à l’évolution de la situation sur le terrain, les Nations Unies ont réitéré les principes fondamentaux d’humanité, de neutralité, impartialité et d’indépendance, qui guident leur travail.
Tous les acteurs invités « à pratiquer la tolérance et le dialogue »
Après le coup d’Etat, des scènes de violences ont été notées dans la capitale du pays.
« Toute attaque contre les populations civiles est strictement interdite par la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit international humanitaire. Toute action incitant à l’intolérance, à la violence et à la haine sont contraires à l’esprit de la Charte des Nations Unies » a rappelé Mme Manzi, invitant tous les acteurs « à pratiquer la tolérance et le dialogue et à œuvrer pour un avenir de paix, d’unité, de stabilité et de progrès économique et social ».
Le Burkina Faso a connu vendredi son second coup d’Etat en huit mois, mené pour renverser le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier. Selon les médias, ce dernier a proposé, dimanche, sa propre démission, tout en posant sept conditions qui ont été acceptées par le capitaine Ibrahim Traoré, auteur du putsch, ont annoncé dans une déclaration les médiateurs de cette crise.
L’une des conditions posées par Damiba était le respect des engagements pris avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à savoir le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 à travers l’organisation d’élections.
Le Chef de l’ONU condamne « toute tentative de prise de pouvoir par la force »
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a « fermement » condamné dans un communiqué samedi 1er octobre « toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes » au Burkina Faso, au lendemain d’un coup d’Etat dans le pays. Le Secrétaire général a appelé « tous les acteurs à s’abstenir de toute violence et à rechercher le dialogue », a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué.
Il a exprimé « son plein soutien aux efforts régionaux visant à un retour rapide à l’ordre constitutionnel dans le pays », affirmant également que ce pays du Sahel « a besoin de paix, de stabilité et d’unité pour combattre les groupes terroristes et les réseaux criminels qui opèrent dans certaines parties du pays ».
De son côté, l’Union africaine (UA) a dénoncé un « changement anticonstitutionnel de gouvernement ». Mais après la démission du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, la CEDEAO a salué dimanche soir les différentes parties burkinabè pour « avoir accepté un règlement pacifique de leurs différends ».
Une délégation de l’organisation sous-régionale attendue ce lundi à Ouagadougou
L’organisation sous-régionale a également annoncé l’envoi d’une délégation à Ouagadougou dès ce lundi. La délégation sera conduite par Suzi Carla Barbosa, ministre des Affaires étrangères de la Guinée Bissau et Présidente du Conseil des ministres de la CEDEAO. Elle comprendra également Mahamadou Issoufou, ancien Président du Niger et Médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso et Omar Alieu Touray, Président de la Commission de la CEDEAO.
Plus largement, les organisations régionales et internationales ont réaffirmé leur attachement au chronogramme adopté par le Sommet du 3 juillet 2022 qui prévoit le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024.
Plus de 1,5 million de déplacés internes au Burkina dont 285.000 à Djibo
Ce nouveau coup d’Etat intervient alors que la situation humanitaire se détériore rapidement dans le pays. La région du Sahel illustre la dégradation de la situation sur le terrain. Depuis le début de l’année 2022, cette province est particulièrement affectée par une dégradation continue de la situation humanitaire due à l’insécurité.
« Les populations sont contraintes de quitter leurs localités d’origines pour se déplacer vers des zones plus sécuritaires », a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Dans son dernier rapport de situation daté du 20 septembre, OCHA note que ces populations restent « dans une série de mouvements ».
Ces déplacements ont pour conséquence « une augmentation importante des besoins multisectoriels et un amenuisement de l’accès humanitaire ». Comme pour aggraver les choses, « Djibo est sous blocus continu depuis mars 2022, contraignant aussi bien les humanitaires que les populations à restreindre leurs mouvements au minimum ».
Dans la région du Sahel, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) a augmenté de plus de 60.000 entre janvier et avril 2022 pour atteindre près de 575.000 dont la moitié (285.000) est abritée à Djibo.
Au total, plus de 1,5 million de personnes déplacées sont enregistrées au Burkina Faso, selon un décompte effectué par l’OCHA le 30 avril 2022. Selon les Nations Unies, près de 60% de ces déplacés internes sont des enfants.