M. Guterres a déclaré que depuis sa présentation du rapport il y a un an, la nécessité d’appliquer ses propositions n’avait fait qu’augmenter.
Le chef de l’ONU a résumé ainsi la situation actuelle : « Outre la triple crise planétaire du dérèglement climatique, de la pollution de l’air et de la perte de biodiversité, et les immenses souffrances causées par la pandémie de COVID-19, les conflits font rage à travers le monde. Les effets d’entraînement de la guerre catastrophique en Ukraine ont contribué à la flambée des prix des aliments et de l’énergie dans le monde entier. Les négociations qui ont abouti aux accords conclus à Istanbul le mois dernier ont progressivement fait baisser les prix des denrées alimentaires et des engrais, pour les ramener à des niveaux proches de ceux d’avant la guerre, mais malgré cela, les pays en développement sont au régime sec. »
« Faute de ressources pour investir dans le redressement après la pandémie et pour faire face à l’impact de la guerre, le Programme 2030 et les objectifs de développement durable (ODD) ont une fois de plus été mis de côté. Les prévisions économiques sont mauvaises. Quatre pays ont déjà fait défaut sur leurs dettes ; de nombreux autres risquent de le faire. Le financement du développement se tarit, ou est détourné ailleurs. Pendant ce temps, les preuves accablantes de la catastrophe climatique s’accumulent de jour en jour », a-t-il martelé.
Quatre axes pour l’avenir
Les idées contenues dans le rapport représentent sa vision du futur en matière de coopération mondiale et relancer un multilatéralisme « inclusif, en réseau et efficace ».
Elles sont divisées en quatre axes :
- Fonder un nouveau pacte mondial pour répartir autrement le pouvoir, les ressources et refonder le contrat social
- Renforcer la participation des jeunes et prendre en compte les générations futures dans les décisions politiques
- Fournir davantage d’investissements publics pour mieux gérer les chocs et crises mondiales
- Moderniser l’ONU pour se donner les moyens de mieux aider les États à concevoir et appliquer des solutions multilatérales.
Bientôt un plan pour réformer l’architecture financière internationale
M. Gutteres a annoncé que lors de la prochaine session de l’Assemblée générale, il présenterait un plan de réforme de l’architecture financière internationale, afin de remédier « aux inégalités historiques ».
Ce plan comprendra « des actions à court terme pour apporter un soulagement immédiat aux pays en développement très endettés, et des mesures à long terme pour garantir la résilience et la viabilité de la dette », a promis M. Guterres. Il sera « essentiel pour ouvrir la voie au sommet et obtenir des résultats concrets, faire avancer le Nouveau Pacte Mondial et pour que les pays en développement s’investissent dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».
Compte tenu de la gravité des perspectives socio-économiques mondiales, le chef de l’ONU veut aussi organiser avec les États Membres « un sommet biennal entre membres du G20, de l’ECOSOC, des institutions financières internationales et moi-même ».
Il a aussi annoncé des mesures visant à garantir « une identité légale pour tous » et à mettre fin à l’apatridie.
Un prochain « Sommet de l’avenir » et un Pacte dédié
Concernant sa proposition d’organiser un « Sommet de l’avenir », le Secrétaire général a décrit des avancées. Les Pays-Bas et Fidji élaborent actuellement un document sur les éléments d’une « Déclaration pour les générations futures », une étape importante vers le Sommet susdit. La Nouvelle-Zélande et Oman dirigent des négociations sur la résolution des modalités qui lui permettraient d’avoir lieu. L’événement serait l’occasion, une fois par génération, de « revigorer l’action mondiale », de « réaffirmer les principes fondamentaux » et de poursuivre le développement du multilatéralisme.
Ce Sommet de l’avenir devrait accoucher d’un « Pacte des dirigeants pour l’Avenir », qui serait négocié au niveau intergouvernemental lors de la prochaine Assemblée générale. Ce Pacte devra « démontrer au monde que, même si nous sommes confrontés à des défis de taille, nous pouvons les surmonter grâce à la coopération, au compromis et à la solidarité mondiale », a insisté le Secrétaire général.
« Le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’année prochaine, sera l’occasion d’alimenter le Sommet de l’avenir par des réflexions nouvelles », a-t-il ajouté, comme celle de sauvegarder les droits de l’homme dans les espaces numériques, par exemple, que l’on trouve émise dans Notre Programme commun.
L’engagement de plusieurs parties prenantes sera essentiel sur bon nombre de questions. Ainsi, « un Pacte numérique mondial n’aurait pas de sens sans la contribution des entreprises des nouvelles technologies », a pointé le chef de l’ONU.
Cap sur le Sommet sur la transformation de l’éducation en septembre
Concernant les propositions incluses dans le rapport « Notre Programme commun », le Secrétaire général s’est dit heureux de constater que les travaux avaient commencé pour nombre d’entre elles. Notamment le Sommet sur la transformation de l’éducation en septembre, « qui sera l’occasion d’agir pour réimaginer des systèmes éducatifs adaptés aux temps à venir ».
« Plus grand rassemblement d’apprenants et d’enseignants jamais organisé », le Sommet sur la transformation de l’éducation sera l’occasion de mobiliser l’ambition, l’action, la solidarité et les solutions ; de réimaginer des systèmes éducatifs adaptés à l’avenir ; et de générer un nouvel élan pour l’ODD 4 (éducation de qualité) et le Programme 2030 dans son ensemble.
M. Guterres a enfin fait part de progrès en matières de sciences et de technologies numériques au sein de l’ONU : « des efforts sont en cours pour rétablir le Mécanisme de conseil scientifique. Nous faisons progresser la transformation interne vers une ONU 2.0. favorisant une nouvelle culture et de nouvelles capacités dans les domaines des données, du numérique, de l’innovation, des sciences comportementales et de la prospective stratégique », a-t-il énuméré. « Nous lançons de nouvelles initiatives pour libérer le potentiel des datas afin qu’elles servent les individus, la planète et les ODD » et « une semaine dédiée aux sciences comportementales a engagé des milliers de personnes à travers l’ONU, les États membres et les universités pour réfléchir à la façon dont la science puisse servir les populations. »