Cette jeune maman de 24 ans, se remettait d’un accouchement par césarienne qui lui a sauvé la vie à l’hôpital général de Gode, une ville de la région Somali en Éthiopie, qui a été l’une des plus durement touchées par la pire sécheresse depuis quatre décennies, explique dans un reportage l’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive.
Mme Abadi vit actuellement avec ses sept enfants dans un campement informel de la zone de Shabelle, tout comme sa mère, Mme Barkhado, et d’autres personnes déplacées par la sécheresse.
Mme Barkhado a traversé de nombreuses crises au cours de ses 60 ans, mais selon elle celle-ci est la plus dévastatrice.
« De toutes les sécheresses que j’ai connues dans ma vie, celle-ci est la pire en 40 ans. Cette année, il n’y a pas d’eau ni de pâturage où que vous alliez. Je ne sais pas comment nous allons survivre », dit-elle.
Les chocs climatiques et les conditions météorologiques extrêmes sont à l’origine des besoins humanitaires dans toute la Corne de l’Afrique et font peser une pression insupportable sur des systèmes de santé déjà en difficulté, avec des installations limitées, une main-d’œuvre fortement sollicitée et des infrastructures quasi inexistantes.
Une crise climatique qui pèse le plus lourd sur la santé des femmes et des filles
Les progrès réalisés dans la réduction de la mortalité et de la morbidité maternelles et néonatales en Éthiopie risquent de dérailler et il est urgent d’étendre la couverture des services de santé et de protection maternelles pour préserver la santé et les droits des femmes et des filles.
« Nous avons remarqué une augmentation des décès maternels et néonatals au cours des derniers mois. Presque tous nos cas sont des femmes qui ont parcouru jusqu’à 200 kilomètres pour atteindre l’établissement, beaucoup d’entre elles souffrant de complications liées au travail et n’ayant pas de moyen de transport », a déclaré le Directeur médical de l’hôpital général de Gode, Dr Mahamed Sheh.
Dans l’est et le sud de l’Éthiopie, les pluies saisonnières ont fait défaut pour la troisième fois depuis fin 2020, alimentant les déplacements massifs de population et aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique.
Près de 8 millions de personnes ont été touchées et plus de 286.000 Somaliens d’Éthiopie, dont Mme Abadi, ont été déplacés, fuyant leurs maisons pour survivre alors que les cultures, le bétail et les moyens de subsistance sont anéantis.
Le nombre de décès de bétail atteignant le chiffre stupéfiant de 1,4 million et augmentant de jour en jour, la seule source de revenus de Mme Abadi s’est évaporée aussi vite que son espoir.
« Nous avons perdu tout ce que nous avions – 30 chèvres et 10 bovins », a déclaré Mme Abadi. « Il ne nous reste qu’une vache qui tient à peine sur ses pattes. Elle est trop faible pour marcher ».
N’ayant plus d’animaux pour les aider à survivre, Mme Abadi craint pour l’avenir de sa famille.
Les femmes et les filles en déplacement courent un risque accru de violence sexuelle et physique et de coercition, et les mariages d’enfants et les mariages forcés augmentent pendant les crises humanitaires, car les ménages perdent leurs moyens de subsistance et les mécanismes de protection s’amenuisent.
L’épuisant périple pour accéder aux services de santé maternelle et reproductive
Dans la région Somali, quelque 930.000 personnes ont besoin d’une aide d’urgence et d’une aide en matière de santé génésique et plus de 565.000 personnes auraient un accès réduit aux services de protection, notamment les femmes, les enfants et les survivants de violences sexistes.
Selon l’Institut éthiopien de la santé publique, plus de 60 % des personnes vivant dans la région Somali se trouvent à plus d’une heure de marche du centre de santé le plus proche – qui peut ou non fonctionner s’ils parviennent à l’atteindre.
Plus de 154.000 femmes sont actuellement enceintes dans la région Somali et, rien qu’au cours du mois prochain, on estime que 2.568 femmes et 3.425 nouveau-nés connaîtront des complications aux conséquences potentiellement mortelles si des soins et des services qualifiés ne sont pas disponibles.