La défunte centrale nucléaire de Tchernobyl et la ville de Slavutich – dont les habitants entretiennent le site, qui doit faire l’objet d’une surveillance constante pour éviter les fuites de matières radioactives – ont été occupées par les troupes russes pendant plus d’un mois.
Le principal problème, selon le personnel, est qu’à la suite des bombardements, les lignes électriques ont été endommagées et que Slavutych et la centrale elle-même ont été privées d’électricité.
« La centrale compte quatre unités, dont celle qui a été détruite lors de l’accident de 1986. Tout le combustible nucléaire des trois unités qui fonctionnaient encore après l’explosion a été retiré et placé dans un dépôt de déchets nucléaires », explique M. Serdyuk.
« Les barres de combustible sont stockées dans de l’eau que l’on fait circuler pour les garder au frais. Dès que le courant a été coupé, tout le monde s’est inquiété de savoir si l’eau allait commencer à chauffer. Les experts estiment que, si l’eau ne circule pas, elle pourrait bouillir et le combustible usé commencer à fondre, avec des conséquences imprévisibles ».
Une autre source d’inquiétude concernait la sécurité du sarcophage de protection qui contient le réacteur détruit de la quatrième unité de puissance et les restes de déchets nucléaires. Les dommages subis par le sarcophage pourraient entraîner la fuite de poussières radioactives.
Une équipe de l’AIEA, dirigée par le Directeur général Rafael Mariano Grossi, s’est rendu à Tchernobyl pour livrer des équipements et procéder à des évaluations radiologiques et autres dans l’installation. Des équipements de protection individuelle seront également livrés.
En outre, les spécialistes de l’AIEA répareront les systèmes de contrôle des données à distance installés dans la centrale, que les forces d’occupation ont désactivés, ce qui a empêché le personnel de l’AIEA au siège de l’Agence à Vienne de recevoir les données en ligne de Tchernobyl.
Depuis le début de la guerre, l’AIEA a exprimé de sérieuses inquiétudes quant à la sûreté et à la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes. Selon M. Grossi, l’intégrité physique des centrales nucléaires, la capacité du personnel à travailler sans pression excessive et l’accès aux sources d’énergie externes doivent être garantis.
Ces règles ont été gravement violées au cours des deux derniers mois. En mars, la communication avec la centrale nucléaire de Tchernobyl a été perdue. La centrale s’est retrouvée sans alimentation électrique externe, et pendant plusieurs jours, il a fallu utiliser des générateurs diesel de secours.
« La présence de l’AIEA à Tchernobyl sera d’une importance capitale pour nos activités de soutien à l’Ukraine, qui cherche à rétablir le contrôle réglementaire de la centrale nucléaire et à assurer son fonctionnement en toute sécurité », a déclaré M. Grossi. « Elle sera suivie d’autres missions de l’AIEA dans cette centrale et dans d’autres installations nucléaires en Ukraine ».