L’économie de la région devrait se contracter de 4,1% cette année, alors que les prévisions d’avant-guerre tablaient sur une croissance de 3%, les chocs économiques de la guerre s’ajoutant aux effets de la pandémie de Covid-19. Il s’agirait de la deuxième contraction en autant d’années, et elle serait deux fois plus importante que la contraction induite par la pandémie en 2020, a indiqué la Banque mondiale.
L’économie ukrainienne devrait se contracter d’environ 45,1% cette année, mais l’ampleur de la baisse dépendra de la durée et de l’intensité de la guerre. Frappée par des sanctions sans précédent, l’économie russe a déjà plongé dans une profonde récession, la production devant se réduire de 11,2% en 2022.
« L’ampleur de la crise humanitaire déclenchée par la guerre est stupéfiante. L’invasion russe porte un coup massif à l’économie ukrainienne et a infligé d’énormes dégâts aux infrastructures », a déclaré Anna Bjerde, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Europe et Asie centrale.
« L’Ukraine a immédiatement besoin d’un soutien financier massif alors qu’elle se bat pour faire tourner son économie et que le gouvernement fonctionne pour soutenir les citoyens ukrainiens qui souffrent et font face à une situation extrême », a-t-elle ajouté.
La guerre est venue s’ajouter aux inquiétudes croissantes concernant un ralentissement brutal de l’économie mondiale, la montée de l’inflation et de la dette, ainsi qu’un pic des niveaux de pauvreté. L’impact économique s’est répercuté par de multiples canaux, notamment les marchés des matières premières et les marchés financiers, les liens commerciaux et migratoires et l’impact négatif sur la confiance.
Impact sur les économies émergentes et en développement
La guerre frappe aussi durement les économies émergentes et en développement d’Europe et d’Asie centrale, une région qui se dirigeait déjà vers un ralentissement économique cette année en raison des effets persistants de la pandémie, indique la Banque mondiale.
Outre la Russie et l’Ukraine, le Bélarus, le Kirghizistan, la Moldavie et le Tadjikistan devraient entrer en récession cette année, tandis que les prévisions de croissance ont été revues à la baisse dans toutes les économies en raison des retombées de la guerre, d’une croissance plus faible que prévu dans la zone euro, et des chocs liés aux matières premières, au commerce et au financement.
La Russie et l’Ukraine représentent environ 40% des importations de blé dans la région et environ 75% ou plus en Asie centrale et dans le Caucase du Sud. La Russie est également une destination d’exportation majeure pour de nombreux pays, tandis que les transferts de fonds en provenance de Russie représentent près de 30% du PIB dans certaines économies d’Asie centrale, notamment au Kirghizistan et au Tadjikistan.
« La guerre en Ukraine et la pandémie ont montré une fois de plus que les crises peuvent causer des dommages économiques étendus et faire reculer des années de revenu par habitant et de gains de développement », a déclaré Asli Demirgüç-Kunt, Economiste en chef de la Banque mondiale pour l’Europe et l’Asie centrale. Elle a appelé à ce que « les gouvernements de la région fortifient leurs amortisseurs macroéconomiques et la crédibilité de leurs politiques pour contenir les risques et faire face à la fragmentation potentielle des canaux de commerce et d’investissement.
Selon elle, ils doivent aussi renforcer leurs filets de sécurité sociale pour protéger les plus vulnérables, y compris les réfugiés et enfin ne pas perdre de vue l’amélioration de l’efficacité énergétique pour assurer un avenir durable.
De plus, l’invasion a déjà provoqué la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et sera probablement l’un des héritages les plus durables du conflit. En conséquence, le soutien aux pays d’accueil et aux communautés de réfugiés est crucial, et la Banque mondiale prépare des programmes de soutien opérationnel aux pays voisins pour répondre aux besoins de financement accrus liés aux flux de réfugiés.