De plus, le nombre élevé de victimes civiles et l’ampleur des destructions d’infrastructures indiquent des violations du droit humanitaire international.
« Des centaines de milliers de personnes, voire des millions » auront des problèmes pour savoir où dormir à moyen ou à long terme, a affirmé Karolina Lindholm Schilling, Représentante du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Les effets vont se faire sentir pendant « des années, voire des décennies ».
A l’intérieur de l’Ukraine, plus de 6,5 millions de personnes sont déplacées. De plus, au moins 3,7 millions de personnes ont été contraintes de franchir les frontières internationales et fuir le pays. « Ces chiffres augmentent chaque jour. On ne saurait trop insister sur la gravité de la situation », a-t-elle fait remarquer.
Face à ces mouvements de populations, les familles et les communautés auront besoin de protection, d’abri, d’aide humanitaire et d’accès aux services de base. Il s’agit notamment des besoins dans la santé, l’éducation et la protection sociale pendant des années, voire des décennies.
« Les effets de cette guerre sont dévastateurs et d’une grande portée », a insisté Mme Lindholm, tout en relevant que « la forme la plus efficace d’aide humanitaire serait l’arrêt de cette guerre ».
Des actes équivalant à des violations du droit humanitaire international
Par ailleurs, le nombre élevé de victimes civiles et l’ampleur des destructions d’infrastructures civiles dans la guerre en Ukraine indiquent des violations du droit humanitaire international, a affirmé pour sa part, une Représentante du Haut-Commissariat des droits de l’homme des Nations unies (HCDH).
« Les bombardements indiscriminés contre les civils constituent des violations du droit international humanitaire. Chaque cas mérite d’être examiné minutieusement. Mais le nombre élevé des victimes civiles, et l’ampleur des pertes civiles, ainsi que les dommages causés aux objets civils, suggèrent fortement la violation du droit international humanitaire lors d’attaques indiscriminées », a souligné par vidéoconférence, Matilda Bogner, Cheffe de la mission de surveillance des droits de l’homme du HCDH en Ukraine.
Le HCDH pointe du doigt les violations des principes de distinction et de proportionnalité, mais aussi l’interdiction des attaques indiscriminées et la règle de base consistant à prendre toutes les précautions possibles pour éviter les victimes civiles. D’une manière générale, plusieurs incidents laissent penser à des violations du droit international humanitaire.
Enquête sur une fosse commune à Marioupol
Mais l’ONU reste plus prudente et estime qu’il est encore prématuré d’établir si de telles violations peuvent constituer de possibles crimes de guerre. Selon le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, le décès de plus de 1.030 civils a pu être vérifié depuis le début de l’offensive russe. Mais le chiffre est probablement bien plus élevé.
Mme Bogner a également déclaré que, depuis le début de la guerre, l’ONU a reçu des informations selon lesquelles les forces russes ont tiré « sans sommation » sur des civils qui tentaient de fuir en voiture, ainsi que sur des participants à des manifestations pacifiques contre la guerre. Mme Bogner a fait état de bombardements indiscriminés qui ont tué début mars 47 personnes dans des écoles et des personnes dans l’ouest du pays.
L’ONU a pu vérifier l’utilisation de bombes à sous-munition par la Russie et mène des investigations sur un recours similaire à cet armement par les forces ukrainiennes.
La responsable onusienne a mentionné aussi des images satellites d’une fosse commune où seraient enterrées 200 personnes à Marioupol. « Des accusations de fosses communes ont été reçues et au moins une a pu être identifiée par des images satellites et, selon les estimations, environ 200 personnes seraient enterrées ».
Dans le même temps, l’ONU a fustigé aussi les raids de l’armée ukrainienne contre « les républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk ». Les principes de proportionnalité et de préservation des civils « ont été violés », a-t-elle expliqué.