« Le Myanmar/Birmanie est de plus en plus exposé au risque de l’effondrement de l’État, avec des systèmes économiques, éducatifs, sanitaires et de protection sociale en lambeaux », a déclaré la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.
S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Mme Bachelet a rappelé que l’effondrement du système de santé a déjà eu des « conséquences dévastatrices » pour la réponse du Myanmar à la pandémie de Covid-19.
D’une manière générale, les précieux acquis du pays en matière de développement ont été « détruits par le conflit et l’abus de pouvoir des militaires ». En conséquence, la crise humanitaire du pays continue de s’étendre. « L’économie est au bord de l’effondrement », a-t-elle insisté, relevant que plus de 14 millions de personnes sont désormais considérées comme ayant un besoin humanitaire.
Les partenaires de l’ONU indiquent que la pénurie alimentaire va fortement augmenter au cours des prochains mois. « Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) prévoit que l’impact combiné du coup d’État et de la pandémie de Covid-19 pourrait plonger près de la moitié de la population du Myanmar dans la pauvreté cette année », a-t-elle fait valoir.
Les droits humains du peuple traversent une « crise profonde »
Par ailleurs, treize mois après le coup d’État militaire, les droits humains du peuple du Myanmar traversent une « crise profonde ». Une situation d’autant plus préoccupante, les conflits armés préexistants dans de multiples États ethniques ont été attisés par l’utilisation systématique de méthodes brutales par les forces de sécurité. « Des centaines de groupes de résistance armés localisés se sont formés à travers le pays, et la violence est désormais généralisée dans de nombreuses régions qui étaient auparavant stables », a dit Mme Bachelet.
Selon l’ONU, au Myanmar./Birmanie post-putsch, il n’y a pratiquement plus d’espace civique. La répression se traduit par « une surveillance intense », notamment par des moyens numériques. Une situation qui amplifie le danger pour les militants dans toutes les zones contrôlées par les militaires.
Plus largement, les autorités militaires utilisent systématiquement les arrestations et les détentions comme un outil pour cibler et intimider les personnes qui s’opposent au régime. « Des sources crédibles indiquent que les forces de sécurité ont détenu plus de 12.500 personnes, dont 9.500 sont toujours en détention, y compris au moins 240 enfants », a détaillé la Haute-Commissaire Michelle Bachelet.
Nombre de ces personnes auraient été soumises à des mauvais traitements assimilables à de la torture. Lors de leur détention, ces personnes auraient notamment été suspendues au plafond sans eau ni nourriture. Elles ont été obligées de rester à l’isolement pendant de longues périodes, électrocutées, parfois en même temps que l’injection de drogues non identifiées, victimes de violences sexuelles, notamment de viols.