« Nous assistons à des opérations militaires russes à l’intérieur du territoire souverain de l’Ukraine à une échelle que l’Europe n’a pas connue depuis des décennies. Jour après jour, j’ai clairement indiqué que ces mesures unilatérales sont en contradiction directe avec la Charte des Nations Unies », a dit le chef de l’ONU devant la presse au siège de l’Organisation à New York.
« Le recours à la force par un pays contre un autre est la répudiation des principes que chaque pays s’est engagé à respecter. Cela s’applique à l’offensive militaire actuelle. Elle est inadmissible. Elle est contraire à la Charte. Elle est inacceptable. Mais elle n’est pas irréversible », a-t-il ajouté.
Le chef de l’ONU a répété son appel de mercredi soir au Président russe Vladimir Poutine : « Arrêtez l’opération militaire. Ramenez les troupes en Russie ».
Le Président russe a annoncé une « opération militaire » en Ukraine et a appelé les soldats ukrainiens à déposer immédiatement les armes, au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU se réunissait mercredi soir sur la crise ukrainienne.
Selon M. Guterres, « les décisions des prochains jours façonneront notre monde et affecteront directement la vie de millions de personnes ».« Il n’est pas trop tard pour sauver cette génération du fléau de la guerre. Nous avons besoin de la paix », a-t-il ajouté.
Intensification des opérations humanitaires
Le Secrétaire général a indiqué que l’ONU allait intensifier ses opérations humanitaires à l’intérieur et autour de l’Ukraine. Il a annoncé jeudi l’allocation immédiate de 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence pour répondre aux besoins urgents.
« Nous et nos partenaires humanitaires nous engageons à rester et à apporter de l’aide, pour soutenir les personnes en Ukraine dans le besoin. Le personnel des Nations Unies travaille des deux côtés de la ligne de contact, toujours guidé par les principes humanitaires de neutralité, d’impartialité, d’humanité et d’indépendance », a dit M. Guterres.
« La protection des civils doit être la priorité numéro un. Le droit international humanitaire et les droits de l’homme doivent être respectés », a-t-il ajouté.
Le Président de l’Assemblée générale appelle à un cessez-le-feu immédiat
Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Abdulla Shahid, a aussi souligné que « l’offensive militaire en cours de la Russie en Ukraine est incompatible avec les principes de la Charte des Nations Unies ».
« La Charte des Nations Unies est fondée sur le principe de l’égalité souveraine et appelle les États membres à régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques sans menace ni recours à la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État », a-t-il dit dans une déclaration.
Il a renouvelé son appel à tous les États Membres pour qu’ils respectent leurs obligations en vertu du droit international et du droit international humanitaire.
« J’appelle à un cessez-le-feu immédiat, à une désescalade des tensions et à un retour ferme à la diplomatie et au dialogue », a-t-il ajouté. « L’accès sûr et sans entrave de l’aide humanitaire à l’Ukraine et à sa population est une priorité ».
A Genève, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a également réclamé jeudi « l’arrêt immédiat de l’opération militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine ».
« Cette opération militaire viole clairement le droit international et met en danger d’innombrables vies civiles. Il faut l’arrêter immédiatement », a-t-elle dit dans un communiqué de presse.
« Les États qui ne prennent pas toutes les mesures raisonnables pour régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques ne respectent pas leur obligation de protéger le droit à la vie », a souligné Mme Bachelet.
Des rapports ont fait état de frappes militaires près de grandes villes peuplées, notamment Kharkiv, Kramatorsk, Odessa, Marioupol et la capitale, Kiev.
« La protection de la population civile doit être une priorité. L’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées doit – à tout prix – être évitée », a déclaré la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.