En réponse aux niveaux alarmants de violence sexiste dans le nord de l’Amérique centrale, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, appelle à des mesures plus efficaces, innovantes et immédiates pour protéger les droits des femmes, des filles et des personnes LGBTIQ+ en déplacement dans cette région.
La violence sexiste, souvent sous-déclarée et statistiquement invisible, est l’un des principaux facteurs incitant les femmes, les filles et les membres de la communauté LGBTIQ+ à fuir leur foyer au Salvador, au Honduras et au Guatemala. En même temps, c’est l’un des principaux risques auxquels ces personnes sont confrontées lorsqu’elles recherchent la sécurité.
La situation est devenue critique pendant les restrictions liées à la pandémie, ce qui a accru les incidents et les risques. Une fois que les restrictions aux déplacements aux frontières ont été levées ces derniers mois, les femmes et les filles ont figuré en bonne place parmi le nombre sans précédent de personnes qui ont été contraintes de fuir leur foyer.
« Il est inacceptable que la violence sexiste continue de chasser les femmes, les filles et les personnes LGBTIQ+ de leurs foyers et reste l’un des risques majeurs auxquels elles sont confrontées lors de leur déplacement. Les autorités nationales doivent s’assurer qu’elles sont en mesure d’accéder à l’asile et de demander une protection, et intensifier les mesures de prévention et de réponse », a déclaré Gillian Triggs, Haut-Commissaire adjointe du HCR pour la protection.
Les gangs de rue ciblent fréquemment les femmes et les filles, les forçant à l’esclavage sexuel. Les criminels utilisent également l’agression sexuelle – ou la menace – comme arme pour forcer les membres de la famille à se livrer à des activités illicites. Lorsque les femmes et les filles sont perçues comme ayant des liens avec un gang particulier, elles peuvent être ciblées par des rivaux. Les femmes et les filles peuvent également subir des abus ou des viols, voire être tuées dans le cadre de rites d’initiation à un gang.
Une étude récente au Honduras a montré que la violence à l’égard des femmes était un facteur déterminant de déplacement, en particulier pour celles qui avaient des rôles de leadership et des relations avec des membres de gangs ou des forces de sécurité.
Fuir les gangs
Les personnes LGBTIQ+, en particulier les femmes transgenres, sont également particulièrement vulnérables à l’extorsion, à l’exploitation et à la persécution. Au Salvador, l’ONG Comcavis Trans rapporte que près des deux tiers des personnes LGBTIQ+ qu’ils ont aidées cette année fuyaient des gangs criminels, les menaces de mort étant la principale raison. Au Honduras, l’ONG Cattrachas fait état de 373 meurtres violents de personnes LGBTIQ+ depuis 2009.
Mais même lorsqu’elles fuient pour des raisons de sécurité, de nombreuses femmes, filles et membres de la communauté LGBTIQ+ sont vulnérables à la traite, aux agressions et au viol, en particulier lorsqu’elles ont recours à des réseaux de passeurs ou franchissent les frontières à des points informels.
« Les mesures de prévention sont cruciales pour aider à autonomiser les femmes, les filles et les personnes LGBTIQ+, et pour garantir leurs droits et renforcer leur autonomie. Dans le même temps, les survivantes d’abus doivent être au centre de toutes les réponses », a ajouté Mme Triggs.
Une réponse dans la région est un programme qui utilise des fourgons itinérants, connus sous le nom d’UNIVETS, lancé au Guatemala par le HCR et le Secrétariat contre la violence sexuelle, l’exploitation et la traite des personnes. UNIVETS se rend dans des endroits reculés et le long des routes de transit, pour fournir des informations et un soutien aux victimes de violences sexistes.
La lutte contre la violence sexiste est un objectif clé du Cadre régional global pour la protection et les solutions (MIRPS), un mécanisme régional de solidarité et de partage des responsabilités, qui comprend le Belize, le Costa Rica, El Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Mexique et le Panama.