Malgré les retards, l’avion européen de transport militaire A400M conçu par Airbus, filiale d’EADS ne devrait pas être abandonné tant un nouvel outil de projection est nécessaire aux armées européennes.
Ce programme, évalué à 20 milliards d’euros a déjà plus de trois ans de retard. Les difficultés techniques rencontrées au cours de la construction ont engendré ce piétinement du calendrier qui pourrait dans le pire des cas, conduire à l’abandon total du programme. L’état du projet.
Lancé dans les années 1990, le projet est ambitieux. Il s’agit de construire un nouvel avion militaire révolutionnaire pour remplacer les flottes des armées françaises, britanniques ou allemandes (180 appareils), dont la moitié ont une moyenne d’âge de près de 40 ans. Un défi technologique pour l »Europe : elle veut se réapproprier un savoir-faire qu’elle est menacée de perdre.
Gouffre financier
Après l’A380, l’A400M est devenu la bête noire financière d’EADS. Le coût estimé à 20 milliards d’euros pèse lourd sur la compagnie aéronautique. Pour poursuivre ce projet colossal, elle a déjà injecté 1,4 milliards d’euros supplémentaires et discute avec les ministères de la Défense des pays clients afin de trouver un compromis sur le partage des surcoûts. Le groupe européen ne veut pas être le seul à supporter les conséquences financières d’un programme à la dérive qui va lui faire perdre de l’argent. Le naufrage serait fatal. De très bons connaisseurs du dossier avancent le chiffre de 5 milliards d’euros, soit autant que pour l’A 380.
Projet malmené
L’avion devait commencer à être livré dès la fin 2009. Mais après 3 ans de retard, les ministres de la Défense des sept pays partenaires de l’avion de transport militaire – Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie –, se sont accordés un mois de réflexion supplémentaire pour décider s’ils renégocieront ou non leur contrat avec EADS. A l’origine des complications : une organisation particulière. L’avion est développé par Airbus Military en Espagne, qui n’a pas la dimension industrielle pour intégrer un avion aussi complexe, et l’ingénierie est à Toulouse. Résultat : un programme à distance mal géré.
Faut-il abandonner le projet ? Pour le gouvernement français, il serait beaucoup plus coûteux d’abandonner que de poursuivre ce projet-phare de la construction de l’Europe de la défense. Selon un document confidentiel d’Airbus Military, le vol d’essai est prévu début 2010 et la première livraison, fin 2012. Une seconde livraison est garantie fin 2013. Ce n’est qu’en 2014 qu’Airbus sera capable de fournir plusieurs avions aux armées clientes.
Oïhana Igos