Le monde comptait un nombre record de 120 millions de déplacés de force à la fin avril, soit pratiquement la population du Japon, a indiqué jeudi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), relevant qu’il y a aussi presque trois fois plus de personnes déplacées de force en 2024 qu’en 2012, après 12 années consécutives de hausse.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), qui alerte sur l’inaction face à la recrudescence des déplacements forcés, ces mouvements de population ont atteint des niveaux historiques l’année dernière et cette année dans le monde. Un record qui reflète à la fois « la naissance de nouveaux conflits, la mutation de certaines situations existantes, ainsi que l’incapacité à résoudre des crises persistantes ».
Les conflits à Gaza, au Soudan, en République démocratique du Congo (RDC) et au Myanmar/Birmanie ont fortement contribué à augmenter le cortège de gens forcés de fuir leur lieu de résidence depuis plus d’un an, a souligné le HCR dans son rapport annuel.
Le Soudan, l’une des plus grandes crises humanitaires au monde
« La guerre reste le grand moteur de déplacements massifs », a expliqué lors d’un point de presse à Genève, Filippo Grandi, Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés. À la fin de l’année dernière, 117,3 millions de personnes étaient déplacées de force. C’est presque 10 millions de plus qu’un an plus tôt et marque 12 années consécutives de hausse.
La guerre civile qui fait rage au Soudan depuis avril 2023 a ainsi entraîné le déplacement de plus de neuf millions de personnes supplémentaires, laissant près de 11 millions de Soudanais déracinés à la fin de 2023, a indiqué le HCR. Et les chiffres continuent d’augmenter. Le HCR a souligné que de nombreuses personnes continuent de fuir vers le Tchad voisin, qui a accueilli quelque 600.000 Soudanais au cours des 14 derniers mois.
Dans la bande de Gaza, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) estime que 1,7 million de personnes – 75% de la population – ont été déplacées depuis la guerre lancée par Israël en représailles à l’attaque terroriste du Hamas sur son territoire le 7 octobre.
En Syrie, la crise humanitaire oubliée
Mais c’est la Syrie qui reste la plus grande crise de déplacement au monde, avec 13,8 millions de personnes toujours déplacées de force à l’intérieur et à l’extérieur du pays, a détaillé le HCR.
« Derrière ces chiffres se cachent d’innombrables tragédies humaines », souligne Filippo Grandi. « Sans une meilleure coopération et des efforts concertés pour faire face aux conflits, aux violations des droits humains ainsi qu’à la crise climatique, le nombre des personnes déracinées continuera d’augmenter. Cela entraînera plus de misère et nécessitera des réponses humanitaires coûteuses ».
L’augmentation la plus importante du nombre de personnes déplacées concerne des personnes fuyant les conflits et qui restent dans leur propre pays, soit 68,3 millions de personnes selon l’Observatoire des déplacements internes, ce qui représente une hausse de près de 50% en cinq ans.
Le nombre de réfugiés et d’autres personnes ayant besoin d’une protection internationale a grimpé à 43,4 millions, en prenant en compte des personnes relevant des mandats du HCR et de l’UNRWA.