Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, les établissements de santé ont été gravement touchés. « Au moins 888 établissements de santé ont été endommagés dans le pays, dont 180 sont complètement endommagés », selon un décompte établi par l’OMS le 28 août 2022.
L’accès aux établissements de santé, aux travailleurs de la santé, aux médicaments essentiels et aux fournitures médicales reste le principal défi sanitaire pour le moment. Ces chiffres préoccupants interviennent alors que le système de santé pakistanais est déjà aux prises avec de « multiples menaces sanitaires concomitantes ».
A ce sujet, l’OMS cite les séquelles de la pandémie de Covid-19, mais aussi des épidémies de choléra, de typhoïde, de rougeole, de leishmaniose et du VIH/Sida. « Même avant les inondations actuelles, il existait une disparité importante dans l’accès aux services de santé entre les zones rurales et urbaines », a indiqué l’OMS.
Une dévastation beaucoup plus grave que les inondations précédentes
C’est dans ce contexte que le Pakistan a lancé, hier mardi 30 août, avec les Nations Unies un appel urgent aux dons de 160 millions de dollars pour financer un plan d’urgence pour les six prochains mois. Ces fonds sont d’abord destinés à fournir des services de base (santé, nourriture, eau potable, abris) aux 5,2 millions de personnes les plus touchées.
Selon une évaluation préliminaire menée par l’OMS, le niveau actuel de dévastation est beaucoup plus grave que celui causé par les inondations au Pakistan les années précédentes, notamment celles qui ont dévasté le pays en 2010. « L’OMS a lancé une intervention immédiate pour soigner les blessés, fournir des produits vitaux aux établissements de santé, soutenir les équipes sanitaires mobiles et prévenir la propagation des maladies infectieuses », a déclaré le Dr Ahmed Al-Mandhari, Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.
Sur le terrain, ces fortes pluies de mousson, qui ont débuté à la mi-juillet 2022, se poursuivent dans de nombreuses régions du pays et ont touché 116 districts (75 %) sur les 154 que compte le Pakistan. La province la plus touchée est le Sindh, suivi du Baloutchistan.
Renforcer la surveillance du choléra, dengue et polio
Alors que les districts continuent d’être touchés par des pluies de mousson massives et des inondations d’une ampleur sans précédent, l’OMS met en garde contre les menaces importantes pour la santé publique auxquelles sont confrontées les populations concernées, notamment le risque de propagation accrue de maladies transmises par l’eau et par des vecteurs, telles que le paludisme et la dengue.
Mais cette situation actuelle risque fort d’accroître la propagation des maladies, surtout quand les capacités de réponse sont entravées. Pour l’OMS, il s’agit donc d’une course contre la montre pour renforcer les mesures de contrôle du choléra et de la dengue en cours, y compris la collaboration intersectorielle (WASH) et la vaccination orale contre le choléra.
Avant même les fortes pluies et les inondations qui ont suivi, le Pakistan avait signalé 4.531 cas de rougeole, et 15 cas de poliovirus sauvage en 2022. Plus largement, l’OMS entend renforcer la surveillance des maladies dans les districts touchés par les inondations, avec l’organisation de camps médicaux mobiles.
Perturbation de la campagne nationale de vaccination contre la polio dans les zones touchées
Les équipes chargées de la lutte contre la polio soutiennent actuellement la surveillance d’autres maladies pendant l’urgence des inondations. Mais les pluies et les inondations ont perturbé la campagne nationale de vaccination contre la polio dans les zones touchées.