A l’heure où la France fait face à une 5e vague de Covid19, le conseil scientifique demande au gouvernement d’anticiper une sixième vague liée au variant Omicron découvert à la fin de l’automne en Afrique du Sud. Un variant qui s’est rapidement diffusé dans le monde et notamment en Europe et tout particulièrement au Royaume Uni. « Si le temps de doublement devait être celui du Royaume-Uni (2 à 3 jours), Omicron
deviendrait majoritaire en France, dès fin décembre 2021/début janvier 2022 » indique ce dernier rapport du Conseil scientifique.
Le virus Omicron est un virus qui présente de nombreuses mutations en comparaison des virus
qui ont circulé jusqu’à présent. La plupart des mutations sont observées sur la protéine de
Spicule (30 environ), d’autres mutations sont aussi observées dans le gène de la protéine N et
dans le gène NSP6 (voir analyse de risque SPF-CNR), mutations pouvant avoir un impact sur le
niveau de multiplication du virus. Il existe actuellement deux sous lignages de variant Omicron
BA.1 (majoritaire) et BA.2 (minoritaire) qui ne présentent pas de différence en termes
d’impact, d’échappement immunitaire ou de transmission.
Les points à retenir de cet avis du Conseil scientifique rendu public ce samedi 18 décembre :
Sa contagiosité est supérieur à celle du variant Delta
« L’impact des mutations observées pour les virus Omicron sur la contagiosité est confirmé, tant du fait d’un échappement immunitaire lié aux mutations localisées sur la protéine de spicule, que de sa capacité réplicative augmentée. La transmission est nettement augmentée par rapport au variant Delta. »
La 3e dose protège contre les formes graves du variant Omicron
- « La capacité neutralisante du sérum de personnes ayant reçu deux doses de Pfizer est 20 à 40 fois inférieure pour le variant Omicron comparé aux autres variants »
- « Toutefois, avec un rappel vaccinal (schéma à 3 doses, ou après vaccination faite chez une personne ayant eu une infection), il apparait que le taux d’anticorps induit est suffisamment élevé pour permettre une neutralisation significative et donc probablement une protection (Wilhelm; Pfizer; Moderna), même si l’effet protecteur diminue probablement à 3 mois de la dose de rappel »
- « En résumé, la dose de rappel (3ème dose) permet de rétablir une réponse immunitaire vis-àvis du variant Omicron. Elle protège, probablement à un bon niveau, contre la survenue de formes sévères et graves mais ne protège que partiellement contre l’infection au variant Omicron. »
Efficacité des antiviraux contre le variant Omicron
- Perte totale de l’efficacité des anticorps monoclonaux casirivimab/imdevimab, (Roche/Regeneron) et bamlanivimab/etesevimab (Lilly)
- Conservation partielle de l’efficacité pour les anticorps monoclonaux tixagevimab/cilgavimab, (Astra Zeneca), même si les données ne sont pas encore stabilisées (à confirmer).
- Efficacité probablement conservée pour les anticorps monoclonaux sotrovimab (VirBiotechnology/GSK).
- Le médicament par voie orale Paxlovid (Pfizer) devrait être efficace car dirigé contre la protéase du virus qui est peu modifiée, mais ce produit ne sera disponible en quantité qu’à partir de mi-février 2022.
« Il n’y a pas d’élément objectif pour dire à ce jour que le variant Omicron entrainerait des formes cliniques moins sévères que celles observées avec ses prédécesseurs ».
Des premières études rassurantes sur l’efficacité des vaccins
« Une première étude d’efficacité vaccinale en population estime la protection contre l’infection à 56% 1 mois après la deuxième dose de Pfizer, et à 25% à 4 mois de la deuxième dose. La protection contre l’hospitalisation serait de 70% après deux doses de vaccin, allant de 92% chez les 18-29 ans à 59% chez les 70-79 ans (Mia Malan; Discovery SA). Peut-être une atteinte plus fréquente de jeunes enfants en général peu sévère. »
Ce que propose le Conseil scientifique :
Il sera très difficile de stopper la progression du variant Omicron du fait de sa capacité d’échappement immunitaire. Il faut néanmoins freiner sa progression pour éviter la saturation de l’hôpital déjà très en difficulté avec le variant Delta, et observer la progression chez nos voisins (Royaume-Uni, Danemark et Norvège) pour anticiper les mesures à prendre en cas d’impact hospitalier élevé de la vague Omicron chez nos voisins.
Le temps gagné doit être utilisé pour
1) élargir la dose de rappel à l’ensemble de la population adulte;
2) vacciner les enfants de 5-11 ans à risque de formes graves, puis l’ensemble de cette
tranche d’âge quand la vaccination y sera ouverte;
3) administrer les anticorps monoclonaux en prophylaxie aux personnes avec déficit immunitaire n’ayant pas réussi à développer une immunité post-vaccinale