Birmanie : l’ONU appelle à une action urgente face au risque d’un véritable conflit civil. « La situation des droits humains au Myanmar/Birmanie s’est détériorée de manière significative » ces derniers mois, a dénoncé jeudi Michelle Bachelet, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, relevant l’urgence « d’agir pour éviter que la situation ne dégénère en un véritable conflit ».
Devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme a décrit en détail les abus généralisés commis par l’armée – la Tatmadaw – contre la population, dont certains pourraient constituer des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre. Or cette main de fer avec laquelle les militaires dirigent le Myanmar se heurte de plus en plus à « une résistance de larges segments de la société ».
Des armes de guerre continuent d’être déployées dans les villes pour réprimer l’opposition. Et récemment, Duwa Lashi, Président par intérim du Gouvernement d’unité nationale formé par des ex-députés en fuite opposés au coup d’État militaire, « a lancé de son côté un appel à un soulèvement armé contre les militaires dans tout le pays ».
« Il n’y a aucun signe d’efforts de la part des autorités militaires pour mettre fin à ces violations ni pour mettre en œuvre les recommandations précédentes visant à lutter contre l’impunité et à réformer le secteur de la sécurité », a affirmé la Haut-Commissaire Michelle Bachelet.
Lorsque des manifestations pacifiques ont commencé dans tout le pays en février, les autorités militaires ont d’abord utilisé des armes moins meurtrières de façon inutile et disproportionnée et effectué des descentes dans les quartiers, créant ainsi une atmosphère de terreur. Mais la tactique a rapidement évolué vers des assassinats systématiques et ciblés et le recours à la force meurtrière, notamment à des fusils semi-automatiques et à des tireurs d’élite contre les manifestants.
Selon Mme Bachelet, « 1.100 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le coup d’Etat ». Plus de 8.000 personnes, y compris des enfants, ont été arrêtées depuis le 1er février dont 4.700 restent en détention.