Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a réitéré mercredi son appel en faveur d’un plan mondial de vaccination contre la Covid-19, afin de stimuler la production et de toucher des millions de personnes au cours des prochains mois, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
S’exprimant lors d’un sommet sur la pandémie mondiale, organisé par le Président des États-Unis, Joseph Biden, le chef de l’ONU a souligné que cette démarche ne relève pas de la philanthropie, mais de l’intérêt personnel. « Jusqu’à présent, la sécurité sanitaire mondiale a échoué, au prix de 4,5 millions de vies, et ce n’est pas fini. Nous disposons de vaccins efficaces contre la Covid-19. Nous pouvons mettre fin à la pandémie », a-t-il déclaré lors d’une réunion en ligne.
Lors du sommet, les États-Unis se sont engagés à donner l’année prochaine quelque 500 millions de doses supplémentaires de vaccins Pfizer-BioNtech aux pays en développement, M. Biden promettant un « arsenal de vaccins ». Cela porterait l’engagement total des États-Unis à partager des doses à plus d’un milliard.
500 millions de doses mais une inégalité de distribution
Le Secrétaire général a souligné les inégalités dans la distribution des vaccins. Bien que plus de 5,7 millions de doses aient été administrées dans le monde, 73% l’ont été dans seulement 10 pays, et seulement 3% des personnes en Afrique ont été vaccinées.
Les principales nations industrielles du G7 se sont récemment engagées à fournir un milliard de doses, mais cela ne représente qu’une fraction de ce qui est nécessaire et ne s’est pas encore concrétisé.
« Alors que les vaccins ont été développés avec des fonds publics, ils sont en train de devenir une industrie de 100 milliards de dollars, avec des pays à revenu moyen qui dépensent des centaines de millions de dollars pour vacciner leur population dans un marché de vendeurs », a déclaré M. Guterres.
« Ce n’est pas seulement décevant. C’est déconcertant », a-t-il ajouté.
Objectifs pour 2021
Le Secrétaire général continue de faire pression en faveur du plan de vaccination mondial, exprimant l’espoir que le sommet américain soit « un pas dans cette direction ».
Son plan prévoit d’au moins doubler la production de vaccins afin que 2,3 milliards de doses soient distribuées équitablement par le biais de l’initiative de solidarité en matière de vaccins, COVAX.
L’objectif est d’atteindre 40% des personnes dans le monde d’ici à la fin de l’année et 70% au premier semestre 2022, conformément aux objectifs fixés par l’OMS.
Le chef de l’ONU a déclaré que le plan pourrait être mis en œuvre par une équipe d’urgence qui travaillerait avec les sociétés pharmaceutiques pour doubler la production de vaccins et assurer une distribution équitable.
Cette équipe comprendrait les pays producteurs de vaccins et ceux ayant un potentiel de production, ainsi que l’OMS, les partenaires de COVAX, les institutions financières internationales et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
« Cela est nécessaire pour résoudre les problèmes de propriété intellectuelle, les problèmes de soutien technique aux pays qui peuvent produire des vaccins mais qui doivent être sûrs d’avoir toutes les garanties de sécurité dans leur production et, ensemble, le pouvoir et l’argent dont dispose le groupe de pays que j’ai mentionné », a déclaré M. Guterres.
La prochaine pandémie
Pour ce qui est de l’avenir, il a averti que la prochaine pandémie ne pourra pas être gérée « avec des outils adaptés au passé ».
Il a exhorté les pays à utiliser les recommandations formulées par le Groupe indépendant sur la préparation et la réponse aux pandémies comme point de départ de réformes urgentes pour renforcer la santé mondiale.
« L’Organisation mondiale de la santé doit être habilitée, son autorité renforcée et mieux financée afin qu’elle puisse jouer un rôle de premier plan dans la coordination des interventions d’urgence », a déclaré le chef de l’ONU.
« La sécurité et la préparation de la santé mondiale doivent être renforcées par un engagement politique soutenu et un leadership au plus haut niveau. Les pays à revenu faible et intermédiaire doivent pouvoir développer et accéder aux technologies de santé », a-t-il fait valoir.