N’eût été le confinement et la multitude de mesures restrictives imposées par les autorités, la ville rose aurait accueilli un grand nombre d’événements, d’envergure mondiale, cette année 2020. En effet, depuis quelques années, Toulouse poursuit son ascension vers un leadership européen industriel et innovant. Les secteurs de la robotique, de l’aéronautique, de l’aérospatial et de la construction des drones y ont trouvé un lieu propice pour leur développement.
L’éclosion de la robotique à Toulouse
Cluster Robotics Place est un ensemble constitué de 83 entreprises parmi lesquelles des groupes, des startups, des PME, des laboratoires et des écoles. Ce regroupement de structures est classé parmi les plus importants de France. Il pèse 130 millions d’euros de chiffre d’affaires pour une disponibilité en ressources humaines d’environ 3800 personnes.
Philippe Roussel anime ce collectif dont la constitution en France remonte à 2012. Pour lui, il ne fait aucun doute : « cet écosystème se situe dans les trois premiers de France, avec la particularité d’être présent à parts égales sur les marchés des robots industriels, des robots de service et des drones. »
L’apparition de ce consortium qui ne fait pas mystère de ses ambitions offre à la ville rose l’opportunité de se positionner dans le sillage des grands groupes industriels spécialisés dans le domaine de la robotique. Rockwell Collins, Kuka, Continental Automotive, Yaskawa, Fanuc et Sogeti sont quelques-unes d’entre elles. À côté, le fleurissement de nouvelles startups très innovantes augure des lendemains qui chantent à la capitale régionale.
Mao Technologies est l’une d’entre elles. Portée par de jeunes diplômés, cette startup a reçu de multiples récompenses pour ses robots agricoles. Robocare fabrique des automates industriels destinés à accompagner les enfants autistes et les personnes âgées en situation de maladie ou d’isolement. Ensuite, il y a Wica dont la particularité est d’avoir créé un robot autonome dédié à la fourniture des services et à l’accueil des usagers.
La montée en performance de l’ingénierie des drones à Toulouse
La concentration à Toulouse des startups du Tech spécialisées dans la fabrication des drones est impressionnante à plus d’un titre. Qu’il s’agisse de Delair-Tech dont le leadership dans l’univers des drones est mondialement reconnu ou de Donecle, fabricant des drones destinés à l’industrie aéronautique, chaque entreprise présente sur le sol toulousain s’illustre par un savoir-faire et une parfaite maîtrise des outils technologiques innovants.
À titre d’illustration, Airborne Concept développe des drones munis de voiles fixes et tournantes. Diodon travaille sur le drone gonflable. Aircam développe des drones équipés de caméras embarquées idéales pour la réalisation des plans aériens très utiles pour le montage des films d’animation ou publicitaires. À côté, Sunbird, une startup récemment créée, vient de mettre au point le premier drone alimenté grâce à l’énergie solaire.
Au milieu de cette frénésie, les écoles de formation ne sont pas en reste. Certaines comme l’Enac n’ont pas hésité à ouvrir une filière drone dans leur offre de formation. Cette ouverture est intervenue après l’installation, sur le campus de cette école, d’une volière de drones, la plus moderne qui existe actuellement sur le sol européen.
C’est dans cet environnement qu’a commencé à germer dans les esprits l’idée de rassembler en un même lieu, tous les spécialistes du drone présents sur le sol toulousain. Pour Philippe Roussel, le concept ne manque pas d’intérêt. « L’ancienne base aérienne de Francazal et la zone du bois vert au sud de Toulouse sont idéales pour installer un village robotique et drones où tester en toute sécurité des prototypes et gagner en productivité », déclare ce dernier.
La dynamique toulousaine, un exemple d’entrepreneuriat industriel
Le lancement d’une consultation nationale par Bruno Lemaire, ministre de l’Économie et des Finances, remonte au 8 juillet 2019. Ces assises avaient pour objectif d’emmener les participants à débattre sur l’urgence du plein emploi en France à l’horizon 2025. Cadre balisé pour ces travaux, le Pacte productif lancé par le Président français Emmanuel Macron.
La montée de l’industrie 4.0 et les changements économiques qui en découlent ont défini le caractère urgent de ces assises. Les participants avaient pour principale mission l’identification des attentes des investisseurs, des industriels et des autres acteurs économiques. C’est en réalité une continuité du projet « industrie du futur » dont le lancement a eu lieu en 2015.
L’objectif de cet ambitieux programme est de booster le savoir-faire français pour faire de ce pays « un fleuron de l’industrie du futur ». À l’avant-garde de cette révolution industrielle, la ville de Toulouse a déjà amorcé son industrialisation depuis plusieurs années. En plus de sa réputation de berceau industriel, la ville est connue pour abriter les grands groupes aéronautiques et aérospatiaux français. C’est d’ailleurs ce qui lui a donné l’appellation « Capitale européenne de l’aéronautique ».
Comme si cela ne suffisait pas, les nombreux projets en cours d’implémentation à Toulouse placent cette ville au cœur de l’innovation technologique. Toulouse, une référence industrielle c’est sûr, un vivier de projets technologiques innovants et de l’entrepreneuriat c’est une certitude.
Un bassin aéronautique et spatial en plein cœur de l’Occitanie
L’accueil des productions aéronautiques à Toulouse date de 1914, c’est-à-dire au début de la Première Guerre mondiale. Capitale européenne de l’aéronautique et du spatial, il a fallu attendre un siècle pour que la ville rose acquière cette notoriété. À Toulouse, tout au long du XXe siècle, l’aéronautique et l’aérospatial ont connu un développement sans précédent. Airbus y lance son premier avion de type A 300, en 1972.
En 2000, la fusion entre Aérospatiale Matra et DASA donne naissance à EADS, le premier groupe industriel franco-allemand dirigé par le français Jean-Luc Lagardère et l’allemand Manfred Bischoff. Un peu moins de quarante ans plus tard, le géant récidive son exploit. En 2005, l’A380 déploie ses ailes sous le ciel toulousain et s’envole vers un grand destin, socle d’une célébrité mondiale.
En plus de Airbus Group, de nombreuses autres entreprises spécialisées en aéronautique et en aérospatial se sont installées dans la ville rose. Il en est ainsi du groupe SAFRAN, de Latécoère ou de Thales. La présence de ces grands groupes industriels à Toulouse fait de la région de l’Occitanie un bassin pourvoyeur d’emplois durables.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 3000 emplois créés dans le secteur de la Tech en 2017. Environ 85 000 personnes travaillant dans cette zone évoluent dans les domaines de l’aéronautique et de l’aérospatial. Selon la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse, 20,5 % d’emplois offerts en Haute-Garonne relèvent du domaine industriel. Le dynamisme de l’industrie toulousaine s’explique par l’essor des technologies de pointe qui y sont développées.