Opinion – Plan pauvreté : Réaction de Georges Méric, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne
« En tant que président de Conseil départemental, chef de file de l’action sociale, je partage naturellement toute initiative visant à réduire la pauvreté en France. L’ambition affichée aujourd’hui par le Président de la République doit maintenant être suivie de propositions concrètes et efficaces. Passé le stade des annonces, on constate néanmoins qu’il n’y a pas de réelles avancées par rapport à ce que fait déjà le Conseil départemental de la Haute-Garonne sur son territoire.
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne œuvre déjà au quotidien à l’amélioration de l’accès aux droits pour les plus démunis et mène une politique volontariste pour la mise en œuvre de dispositifs innovants en faveur de l’insertion sociale.
Concernant les « sorties sèches de l’aide sociale à l’enfance » évoquées par le Président de la République, en Haute-Garonne nous avons maintenu les contrats « Jeunes majeurs » pour les plus de 21 ans, qui permettent d’éviter les ruptures de parcours et d’accompagner ces jeunes dans leur projet professionnel. Il s’agit là d’une volonté politique forte, qui dépasse le cadre des compétences départementales.
un véritable revenu de solidarité et de développement pour toute personne précaire exclue du RSA, notamment les jeunes de 18 à 26 ans.
Sur le sujet de l’aide aux repas pour les élèves issus de milieux défavorisés, nous ne pouvons que souscrire aux annonces du Président de la Répblique, car elles rejoignent l’engagement historique de notre Département envers les familles les plus démunies. Dans les collèges haut-garonnais, 37% des élèves bénéficient de tarifs réduits allant de 50% à la gratuité totale.
Quant à la question des minima sociaux, notre Département s’est engagé avec 18 autres Conseils départementaux en faveur d’une expérimentation d’un revenu de base qui va bien plus loin que le « revenu universel d’activité » présenté par le Président de la République. Ce revenu de base non conditionné à la recherche d’un emploi salarié serait un véritable revenu de solidarité et de développement pour toute personne précaire exclue du RSA, notamment les jeunes de 18 à 26 ans.
Enfin, nous déplorons la volonté de l’Etat de réduire la politique d’insertion à des statistiques, en soumettant les aides aux Départements à des objectifs chiffrés. D’autant que les résultats en matière d’insertion professionnelle sont étroitement liés au contexte économique national sur lequel les Départements n’ont aucune emprise. Nous pensons que les Conseils départementaux ont une réelle capacité d’innovation et d’expertise, fondée sur la proximité des services et des élus avec les citoyens.
En Haute-Garonne, notre programme d’insertion, qui soutient 150 partenaires associatifs, permet à 40 % des allocataires du RSA de trouver un emploi. Chacun des 36 000 allocataires du RSA bénéficie par ailleurs d’un accompagnement personnalisé.
C’est la raison pour laquelle nous devons garder notre capacité d’action et non pas devenir de simples opérateurs de l’Etat. »