L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est déclaré vivement préoccupé par la sécurité et le bien-être des femmes et des enfants parmi les milliers de personnes qui fuient les régions anglophones du Cameroun vers le Nigéria – un nombre qui augmente de jour en jour.
Selon le HCR, les femmes et les enfants représentent environ 80 % des 10.000 réfugiés qui ont déjà été enregistrés dans l’État de Cross River, au Nigéria. Ces personnes ont fui des opérations de sécurité actuellement en cours dans les régions anglophones du Cameroun. Beaucoup d’autres comptent parmi les milliers de Camerounais non enregistrés, dans les États de Benue, Taraba et Akwa Ibom.
Des enfants – garçons et filles – ont fui seuls vers le Nigéria. Dans l’État de Cross River, le HCR et ses partenaires ont enregistré des dizaines d’enfants non accompagnés et séparés de leur famille. Ils sont particulièrement affectés par les effets du déplacement : les difficultés d’accès à la nourriture et le manque de moyens de subsistance.
De l’autre côté de la frontière, le personnel du HCR a reçu des signalements d’enfants contraints de travailler ou de mendier, pour survivre ou pour aider leurs familles. « Cela affecte leur scolarisation, car ils manquent à la fois de temps et d’argent », a fait remarquer un porte-parole du HCR William Spindler, lors d’un point de presse ce vendredi à Genève. Bien que l’école au Nigéria soit gratuite, il faut toutefois ajouter des dépenses liées, par exemple, au matériel scolaire.
Selon M. Spindler, le HCR travaille avec les autorités nigérianes pour aider à la réunification des enfants séparés avec leurs familles, pour fournir aux enfants non accompagnés des prestations ciblées en matière de protection et pour rétablir le droit fondamental de tous les enfants à l’éducation. Certains enfants arrivant au Nigéria ont signalé au HCR qu’ils n’avaient pas été scolarisés au Cameroun pendant toute l’année scolaire 2016-17.
Pour les femmes, le manque de travail associé à des structures d’accueil surchargées augmente le risque de violence sexuelle et sexiste, et particulièrement le recours à la prostitution de survie. Mais selon M. Spindler, seul un nombre limité de ces cas a toutefois été enregistré, principalement dans la communauté d’Amana de l’État de Cross River.
Le HCR s’inquiète toutefois du fait que de nombreux autres cas sont passés sous silence ou ne sont signalés qu’aux responsables communautaires. Des cas de violence domestique, ainsi que de grossesses précoces concernant des jeunes filles de 14 ans à peine, ont également été signalés dans l’État de Cross River.
Dans l’État de Benue – où deux bâtiments scolaires ont été alloués par les autorités à l’hébergement temporaire des réfugiés – des femmes et leurs familles sont obligées de dormir à l’intérieur des salles d’école communales, sans espace privé et ni aucun droit à la dignité familiale. Pour ces personnes – et pour les réfugiés qui se trouvent dans des tentes temporaires établies à la hâte à proximité des habitations de la communauté locale – il est essentiel de disposer d’abris décents pour garantir la procédure d’enregistrement, les distributions systématiques d’aide et la réduction des risques en matière de protection.
Dans ces conditions, le HCR œuvre actuellement avec les autorités nigérianes pour identifier des sites plus éloignés de la frontière, où les réfugiés peuvent être hébergés conformément aux normes internationales. L’agence onusienne met également en place des bureaux permanents à Calabar et Adikpo, afin de mieux aider et protéger les femmes et les enfants. L’assistance du Haut-Commissariat comprend des vivres, des articles de première nécessité, des soins de santé, de l’eau potable et des installations sanitaires.
S’il se félicite de l’immense générosité des communautés frontalières nigérianes, qui ouvrent leurs portes aux réfugiés camerounais, le HCR appelle les autorités nigérianes à continuer d’accorder l’asile aux personnes qui fuient pour sauver leur vie et de répondre à leurs besoins essentiels, en collaboration avec la communauté internationale.
La quasi-totalité des Camerounais enregistrées au Nigéria ont déclaré avoir quitté leurs domiciles en raison de l’insécurité et qu’ils ne rentreraient chez eux que lorsque la sécurité sera rétablie dans leur région d’origine.