
Où s’arrêtera la liberté d’expression sur internet ? Qui finance ? Qui fournit les armes ? Qui forme les combattants et les propagandistes ? Nous nous sommes plongés dans la nébuleuse djihadiste sunnite sur internet. En quelques clics les appels à la guerre se multiplient. Enquête.
A l’heure où les deux ados toulousains apprentis djiahdistes revenus de Syrie ou de Turquie sont débriefés sous régime de la garde à vue, par les services de renseignement intérieur français à Toulouse, nous avons tenté une rapide immersion dans le web consacré au djihad. Et en quelques clics il est désormais facile, à Toulouse comment dans le monde entier, de trouver des sites complets qui appellent à la « guerre sainte » en Syrie contre le régime de Bachar al Assad.
Ces sites si faciles à trouver peuvent aussi être l’oeuvre de services de renseignement de tel ou tel Etat pour intoxiquer l’opinion publique ou un autre service de renseignement.
Mais force est de constater que les outils modernes : Youtube, Tumblr, facebook ou ask sont largement utilisés dans les stratégies de propagande et de recrutement des groupes les plus radicaux. D’autres réseaux comme Twitter ou Instagram sont plus prompts à bloquer les pages douteuses. Nous n’y avons rien trouvé.
Faciles d’accès, rédigés dans un anglais très facile à comprendre, peu censurés, argumentés de citations et d’interprétations radicales du Coran, et surtout agrémentés de nombreuses photos et illustrations, ces sites peuvent impressionner des internautes peu avertis. Émus par les images d’enfants en pleurs ou attirés par la franche camaraderie de combattants souriants et mis en scène comme des héros de cinéma. Quelques petits chats dorment sur des armes bien réelles. Un gif animé présente un orage, un enfant souriant porte une kalashnikov. Il n’est pas étonnant que de nombreux français franchissent le pas. De plus en plus jeunes. Nous ne citeront nulle source. Mais en quelques minutes nous avons référencés plus d’une dizaine de sites ou pages appelant clairement au djiahd, en Syrie ou ailleurs. Le tout à coup d’interprétation de passages du Coran et de photos plus ou moins dures. On notera l’existence de pages tumblr très aseptisées mais qui renvoient vers d’autres sites qui eux permettent d’accéder à d’autres liens. D’autres pages internet sont plus expressives sur les réalités de la guerre contre les Etats Unis, contre le gouvernement de Bachar al Assad ou, contre l’ennemi chiite : l’Iran.
Le sang, les armes, les massacres sont présentés sur fond de musique religieuse. Tout ceci n’est pas nouveau. Mais ce qui frappe aujourd’hui c’est véritablement l’impact de cette propagande sur les jeunes français et les jeunes européens. De plus en plus nombreux à rejoindre les rangs des brigades djiahdistes.

Sur facebook, un simple mention du terme djiahd sur le moteur de recherche du réseau social permet de découvrir un grand nombre de pages dont l’interprétation du djihad est celle des radicaux les plus extrémistes. Là aussi, d’une page facile à trouver on peut aisément passer à une autre page. Un simple message posté ça ou là permet il d’établir une rencontre ?
C’est à ce stade peu probable. Avant d’être conduit à un centre d’entraînement au maniement des armes, tout apprenti doit faire ses preuves. De sa loyauté assurément, et de sa motivation sûrement. Et c’est bien sur ces points que la théorie d’une autoradicalisation de loups solitaires, comme Merah ne tient pas.