
4 fusillades, 2 morts dans les quartiers nord de Toulouse en moins de deux mois. L’argent de la drogue et des trafics en tout genre attise la convoitise des gangs dans le quartier des Isards. Ils n’hésitent plus à tuer pour accroître ou protéger un territoire, un fief, une rente. Comme à Marseille.
Voilà 2 ans que les travailleurs sociaux présents sur place font état d’ une dégradation de la situation et tirent la sonnette d’ alarme. En vain. Et c’est aujourd’hui une véritable guerre des gangs qui sévit à coup d’ armes à feu et d’armes de guerre. 4 fusillades deux morts. La peur s’ immisce.
Comment réagiraient les autorités si cette situation avait lieu non dans un quartier populaire périphérique mais en plein centre ville de Toulouse ? Pierre Cohen a demandé l’aide du ministre de l’ intérieur. Son principal rival dans la course au Capitole Jean Luc Moudenc a lui bombé le torse sans mettre de réelle proposition concrète sur la table, le sénateur Plancade, en quête de reconnaissance médiatique a tweeté un appel à l’ armée ! A la veille d’un grand débat démocratique sur l’ avenir de Toulouse la vacuité de ces propositions interroge.
1- à court terme : mobilisation de véritables moyens d’ enquête
La préfecture de police a mobilisé mercredi un escadron de forces spécialisées dans le maintien de l’ ordre. Mais avec deux meurtres en moins de deux mois le trouble à l’ ordre public est bien plus profond. cette mesure paraît justifiée à court terme pour éviter un vaste mouvement de vengeance. Cette forme de police ne résoudra pas le problème. Plus profond. Enraciné profondément dans un quartier trop longtemps délaissé. La police doit agir au plus vite. Le nombre d’enquêteurs doit être multiplié pour faire face à l’urgence et ne pas laisser s’installer un sentiment d’impunité chez ces jeunes voyous abreuvés des images des films de Scarface version Al Pacino ou du Parrain signé Coppola. Rapidement, les auteurs de ces meurtres doivent être appréhendés et jugés. Commanditaires, Fournisseurs d’ armes et de drogue doivent être identifiés et mis hors d’état de nuire. Ceci écrit, une fois les membres de ces gangs jugés le problème restera entier. Parce que la demande de drogue reste importante la loi des gangs se prolongera quartier des Isards ou ailleurs. Une tête tombe ? Une autre la remplace. La question est pourquoi des jeunes choisissent cette vie ?
2- éducation, emploi et cadre de vie
Les Isards ? Un quartier pauvre, excentré, laid où la pauvreté est une réalité. Elus et représentants de l’Etat doivent se mobiliser rapidement pour enrayer le mal à la racine. Pour cela 3 axes possibles : rénover l’habitat et le cadre de vie, favoriser l’éducation et surtout l’emploi. Les enfants qui y grandissent ne doivent pas considérer la délinquance et ses profits juteux et rapides comme le seul choix possible. Dès l’école, une attention toute particulière devrait être apportée aux enfants les plus défavorisés.
3- mettre fin à la prohibition sur le cannabis et le haschisch
Tant que la demande sera forte, le trafic se poursuivra. Et les luttes entre trafiquants s’accentueront. La politique de prohibition montre ses limites, à Toulouse, Marseille ou Paris. Le gouvernement et le Président de la République doivent mettre fin à cette politique inutile, coûteuse, et dangereuse. Une organisation de la vente de cannabis gérée en direct par l’Etat permettrait à la fois de répondre aux préoccupations de santé publique en ciblant au mieux les consommateurs, de couper l’herbe sous les pieds des gangs. Et in fine assurerait une nouvelle manne financière publique.