Toulouse vient de connaître plusieurs jours de pollution aux particules fines. Une pollution qualifiée de cancérigène par l’Organisation Mondiale de la Santé. Antoine Maurice, tête de liste des écologistes à Toulouse veut faire de ce problème de santé publique le thème central de sa campagne. Interview.
Toulouse7.com – Toulouse et Midi Pyrénées sont régulièrement l’objet d’alertes pollutions. Le sujet n’est pas au coeur de la campagne pour les municipales, pourtant l’OMS qualifie cette pollution de hautement cancérigène, votre réaction ?
Antoine Maurice – Une étude financée par l’Union européenne publiée ce jour démontre qu’une exposition prolongée aux particules fines en suspension dans l’air (PM) a un effet néfaste sur la santé… même lorsque les concentrations restent dans la norme dictée par l’Union européenne.
Les moteurs diesels sont en agglomération les principaux émetteurs de ces particules fines, considérées comme cancérigènes par l’OMS. Pays le plus diéselisé du monde, du fait d’une fiscalité inconsidérément favorable, la France continue à subventionner avec des fonds publics l’usage de ce poison, à hauteur de 7 milliards d’euros par an. Dramatiquement en retard en matière de lutte contre la pollution de l’air, la France est menacée par une condamnation de la Cour de Justice européenne pour non-respect des directives concernant la qualité de l’air, avec de lourdes pénalités financières à la clé.
décupler les efforts en faveur des transports en commun
Si cet enjeu de santé publique n’est effectivement pas au coeur de la campagne de tous, il est bien au coeur de celle des écologistes ! Ces pics de pollution confirment si besoin était la nécessité de décupler les efforts en faveur des transports en commun ainsi que toutes des mobilités alternatives à la voiture individuelle. Nous notons également que dans ce contexte, la création d’une seconde rocade que préconise un Monsieur Moudenc serait une erreur !
Concernant les alternatives à la voiture individuelle la majorité de gauche a consenti des efforts non-négligeables, mais ainsi que nous l’avons affirmé lors du vote du Plan de Déplacements Urbains (PDU), ils restent en deçà de l’enjeu, tant en terme de volume d’investissement que de calendrier de mise en oeuvre (le report à 2020 de la réalisation de la ligne de tram canal en est un exemple).
Toulouse7.com – Selon l’Observatoire de l’Air, cette pollution est due au trafic routier, au chauffage et à l’industrie, que préconisez vous au niveau local pour y remédier ?
Antoine Maurice – Nous préconisons la mise en oeuvre effective de la transition écologique dans notre agglomération. Les principaux leviers d’action que nous porterons seront :
Concernant les transports : Il est temps notamment de réaliser l’union sacrée de l’ensemble des collectivités locales pour décongestionner l’agglomération toulousaine.
Cela se traduira par une mise en révision du PDU dès 2014, pour accélérer le rythme des investissements en faveur des transports collectifs : des axes de bus en site propre pour mailler le territoire de lignes cadencées, avec des grandes amplitudes horaires et une garantie de temps de parcours.
financer la création de plateformes logistiques aux entrées de Toulouse
Des marges de manœuvre supplémentaires peuvent également être dégagées avec des arbitrages financiers favorables aux projets les plus écologiquement et socialement utiles, de préférence au déménagement du parc des expositions (300 millions d’euros) ou à une LGV, dont les effets d’annonces de ces derniers mois dissimulent mal que son financement global reste sujet à caution.
Les financements doivent être réorientés vers l’intermodalité, un plan vélo et un plan rail des trains « du quotidien » qui desserviront notre agglomération.
Il faut financer la création des plateformes logistiques à l’entrée de Toulouse, de manière à centraliser les marchandises et organiser de manière rationnelle leur acheminement.
limitation de vitesse à 80 ou 70 km/h sur la rocade et zones 30 en centre ville
En matière d’urbanisme : la poursuite de la lutte contre l’étalement urbain, qui contribue à la pollution atmosphérique en allongeant les distances des déplacements quotidiens. Pour répondre aux besoins de logements elle repose sur une densification maîtrisée (douce) de l’habitat. En ville, nous défendons par ailleurs l’extension rapide des aménagements du centre ville à l’intérieur de la ceinture formée des boulevards, puis aux faubourgs périphériques, avec la mise en place de zones 30.
De plus, avec le concours des autorités compétentes, il nous faut envisager la limitation à 80 ou 70 km/h de la rocade.
En matière de logement, ce n’est pas le chauffage en général, mais les cheminées et le fuel domestique qui sont sources de pollution atmosphérique. Il nous faudra envisager avec le concours de l’ensemble des collectivités et de l’Etat une aide au financement de filtres pour limiter les émission de particules fines.
Enfin, nous proposons la mise en oeuvre d’un plan stratégique de développement des réseaux de chaleur de manière à raccorder les ensembles immobiliers qui peuvent l’être et à alimenter de manière systématique les nouveaux logements dans les opérations d’aménagement.
Et si la lutte contre la pollution était réellement au coeur de sa campagne alors :
– il y aurait une réelle volonté de faire des lignes de TC en circulaire (sur la rocade par exemple) pouvant concurrencer la bagnole ;
– il y aurait une demande de la gratuité totale des TC sur l’agglomération, là aussi pouvant permettre de concurrencer les TC ;
– il y aurait un réel soutien des ateliers vélo, pas ce truc du bout des lèvres et en catimini, en dénonçant véritablement ce qui est dit plus haut avec la MDV, la Glanerie, Vélib, SOS vélo et la politique « cyclable » de la ville qui consiste surtout à ne surtout jamais faire de démocratie réelle.
Ce qu’il y a de bizarre avec les « écologistes » c’est qu’on ne les a pas vu aux côtés des cyclistes des ateliers vélo, qui est pourtant le seul mode de transport réellement écologique. On les a vu soutenir le financement de l’escroc JC Decaux et ses vélibs (2500€/an/vélo, soit 5.5 millions d’€/an) ; on les a vu financer l’achat des Vélos Anti-Ecologiques (VAE) avec une prime à l’achat mais aucune prime pour les acheteurs de vélos simples, neufs ou d’ocaz ; on les a vu soutenir l’escroc de SOS Vélo, qui a touché 100.000€ d’aide ses salariés et en lui filant le prix de l’économie sociale et solidaire (sic !) ; on les a vu soutenir la Glanerie, association de copinage qui fait de la récup sur le dos des associations existantes (Emmaüs, Vélorution !, etc.), utilise l’argent de l’insertion pour faire de bons salaires aux dirigeants, etc. Sans compter le soutien à la maison du vélo, association de petits escrocs du vélo, touchant quelques centaines de milliers d’€ annuellement pour faire de la concurrence déloyale aux réelles associations d’usagers cyclistes, aux artisans et commerçants. Les « écologistes » de salon sont légion, EELV est en tête !