Passionnée, passionnante, Elsa Piollet transmet sa foi et son enthousiasme en la recherche dès qu’elle parle de ses travaux de thèse. Loin des clichés qui collent aux chercheurs en sciences dures, cette jeune femme de 24 ans a le désir de transmettre ses connaissances chevillé au corps. Dans cet élan communicationnel, elle présentera, lors d’un « champs libres » au Muséum de Toulouse, une partie de l’avancée de ses travaux sur un matériau qui pourrait, sinon supprimer, du moins atténuer les vibrations ressenties dans les hélicoptères, les avions… mais pas seulement. Car les vibrations, on les ressent un peu tout le temps dans la vie courante: vibreur de téléphone, moteur de voiture, machine à laver, réfrigérateur et même, en appliquant une pression sur l’un des côtés d’une « touillette à café »… Vous savez ce « dzoing, dzoing,… » qui résonne quand on essaie de faire de cet ustensile un diapason! C’est à l’aide de ce matériel simple que la jeune thésarde fera comprendre à un public non averti, le pourquoi du comment de ses tests et autres mesures.
L’essentiel, pour elle, est de faire connaître, avec des mots simples, ce qui peut de prime abord se présenter trop compliqué. Jeter des ponts de compréhension entre deux mondes: la recherche et le public est son dada. Ce n’est pas par hasard si elle a choisi, parallèlement à ses études, d’occuper la fonction de guide (en espagnol!) à la Cité de l’Espace. « Bien sûr, il y avait l’aspect pécuniaire, mais je préférais faire ça plutôt que bosser chez McDo. C’est comme les cours particuliers, j’en ai donné beaucoup, de la 6e jusqu’aux prépas, c’est un choix, j’aime enseigner. C’est en expliquant aux gens qu’on apprend le mieux. » Une des raisons, sans doute, pour lesquelles, après son diplôme d’ingénieur SupAéro, elle s’oriente vers une thèse. Un poste d’enseignant-chercheur ne lui déplairait pas. « Mais s’il faut retourner dans l’industrie, je le ferai. Il n’y a pas de honte à passer de l’un à l’autre. L’industrie et la recherche ont besoin l’une de l’autre, il faut que ça fonctionne comme ça », assène-t-elle, convaincue du bien-fondé des liens à créer.
Les ponts, ça l’intéresse au plus haut point. Pas seulement parce qu’il peut y être question de vibrations, mais parce qu’elle pense qu’il faut vraiment faire du lien. D’ailleurs, l’Ecole doctorale Aéronautique et Astronautique à laquelle Elsa appartient pratique aussi la transversalité: « Ici, les thèses doivent réunir deux domaines. » Pour elle, ce sont les matériaux et les vibrations qui dialoguent et ils sont d’ailleurs deux directeurs de thèse à chapeauter son travail, Dominique Poquillon pour les matériaux (côté CIRIMAT) et Guilhem Michon pour les vibrations (côté Institut Clément Ader). Pont entre les pays aussi, puisque qu’Elsa Piollet aime voyager et voyage: études en Ecosse, à Glasgow, dans le cadre d’Erasmus, mais aussi l’université McGill, à Montréal au Canada et en Belgique pour échanger avec d’autres chercheurs. Un petit déplacement en Autriche aussi, pour une conférence juste un an après le début de sa thèse: de quoi rencontrer des pairs et discuter recherche.
Pont, transversalité, complémentarité… même si elle semble ultra-spécialisée, la jeune chercheuse est une touche-à-tout: « Le labo dans lequel je travaille veut ça. Certains ne font que de la modélisation ou que des mesures, nous, nous construisons, c’est du vrai bricolage, ajoute-t-elle en souriant, nous testons, nous mesurons et nous modélisons [mettre en équations mathématiques, NDLR] . »
Samedi, l’effort se portera sur la vulgarisation. Après un petit moment de stress, Elsa rentrera en communication avec le public. « J’espère susciter des vocations.Il n’y a pas beaucoup de femmes en mécanique et certains disent que ça ne les intéresse pas. Je n’y crois pas et nous avons notre place dans des études de ce type. » Aussi, elle juge que c’est important de se rendre visible alors qu’il n’y a que 3 filles sur 30 étudiants qui choisissent cette spécialité. « Nos mains ne fondent pas dans le cambouis… », annonce-t-elle en riant. Et il y a fort à parier que les images des installations qu’elle a fabriquées elle-même pour les besoins de ses mesures convaincront les plus réticents.
Arielle MONTAUREL
Samedi 23 février 2013, 16h00 – Espace Champs libres, Muséum de Toulouse (accès libre avec un billet d’entrée)