Après le Conseil de sécurité samedi, le Secrétaire général de l’ONU a fermement condamné dimanche la reprise des hostilités par le M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), appelant ce groupe rebelle armé « à cesser immédiatement ses attaques et sa progression militaire vers la ville de Goma », chef lieu de la province du Nord Kivu, alors que la situation humanitaire ne cesse d’empirer.
« Le Secrétaire général appelle tous les États concernés à exercer leur influence sur le M23 pour obtenir un arrêt immédiat des attaques », indique la déclaration communiquée par le porte parole de Ban Ki moon.
Formé en mars dernier par d’anciens soldats des forces régulières congolaises qui se sont mutinés, le Mouvement du 23 mars (M23) est actuellement dirigé par le colonel Sulutani Makenga. Il s’était dans un premier temps regroupé autour de Bosco Ntaganda, un général sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de crimes de guerre commis en 2002-2003.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les renégats du M23 ont lancé une série d’attaques à l;arme lourde contre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans les localités de Kibumba et Mboga et les collines de Ruhondo. Ils sont désormais aux portes de Goma, en dépit des efforts déployés par la Mission de stabilisation des Nations Unies en RDC (MONUSCO) pour les contenir. À la mi journée, les combats se poursuivaient près de l’aéroport..
« Profondément préoccupé par les répercussions humanitaires dévastatrices des combats, qui ont conduit au déplacement d’au moins 60.000 personnes, dont beaucoup sont en train de fuir en direction de Goma, le Secrétaire général condamne vigoureusement les violations graves, par le M23, du droit international humanitaire et des droits de l’homme, et exhorte toutes les parties à permettre un accès humanitaire sûr et sans entraves aux personnes qui ont besoin d’une assistance. »
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) affirme en effet que cette nouvelle escalade pèse lourdement sur une situation humanitaire déjà extrêmement préoccupante dans les Kivus. Plus de 2,4 millions de personnes sont aujourd’hui déplacées dans l’est de la RDC, soit 651.000 personnes de plus qu’avant le début des exactions du M23. L’insécurité alimentaire y menace près de 4,5 millions de personnes, dont un million d’enfants âgés de moins de cinq ans, et pas moins de 27.000 cas de choléra ont été signalés jusqu’à présent cette année.
Dans ce contexte, les agences humanitaires ont identifié à Goma nouveaux trois sites pour accueillir les 30.000 personnes déplacées de plus par la recrudescence des combats entre les FARDC et le M23. Les priorités sont à la protection des civils, à l’;accès à l’;eau potable, l’;assainissement et l’;hygiène, ainsi qu’;aux soins de santé et l’;aide alimentaire. Si la communauté humanitaire est actuellement en mesure de répondre aux besoins, elle pourrait toutefois être rapidement dépassée si la situation venait à se détériorer davantage à Goma et aux alentours.
Mais l’;impact du conflit s’;étend bien au-delà. En effet, d’;autres groupes armés ont tiré parti du vide sécuritaire laissé, dans d’;autres secteurs du Nord-Kivu et du Sud Kivu, par le redéploiement des forces armées congolaises contre le M23 pour y perpétrer des violences à l’;encontre des civils et exacerber les tensions interethniques, déjà alimentées par le M23. C’;est notamment le cas dans les territoires Masisi et Walikale, où des déplacements de population ont été récemment signalés.
L’;accès humanitaire est donc devenu désormais une préoccupation majeure dans toutes les zones de conflit. La réinstallation, pour raisons sécuritaires, des personnels des ONG présents à Pinga, en territoire Walikale, ainsi qu’;à Kiwanja, en territoire Rutshuru, au Nord-Kivu, y signifient la fin des opérations humanitaires, alors que des milliers de personnes y dépendent d’;une assistance humanitaire indispensable.