
« Est-ce que c’est un squat? » s’interroge une dame en passant devant l’ancien Lido, 29 avenue Saint Exupéry. « Non, c’est une entrezone culturelle » lui répond l’un des locataires de ce bâtiment. Depuis le 2 décembre dernier, le collectif Emergence occupe l’ancien cabaret toulousain. Ce dernier était vide depuis 2008.
Une entrezone culturelle
Aujourd’hui , il sont 5 à vivre dans ce lieu mythique. Et ils partagent le même rêve : pérenniser leur projet d’entrezone culturelle autogérée. Ainsi, ils organisent un « Cabaret lido revival » samedi 18 février dès 19 heures. L’occasion de partager un apéro avec Don Pasta « celui qui fait des pâtes en mixant » et d’assister à 7 ou 8 numéros de cirque. « Le but est de faire vivre la scène toulousaine et internationale » expliquent les membres du collectif.
Emergence met également ses locaux à la disposition des associations. Les Indignés et le groupe des travailleurs sociaux y ont déjà organisé des manifestations culturelles. Les membres du collectif ne comptent pas s’arrêter là. « On souhaite établir un lien avec nos voisins. Pour cela, on veut créer une commission de quartier » indique Clément, l’homme aux multiples percings.
La récup’, un choix de vie
Le Lido, ancien cinéma et cabaret a été complètement retapé par ces artistes toulousains. « Une amie a fait plusieurs graphes dans la grande salle. Je suis en train de construire l’estrade et la scène » explique Clément. Le décor est à leur image. De vieux fauteuils récupérés dans la rue côtoient des objets détournés. » Nous privilégions le recyclage » avoue Thibault, amateur de musique électronique. Leur mot d’ordre ? Faire tout avec presque rien.
Et cette philosophie s’applique aux activités artistiques. Emilie fait des peintures sur les murs du Lido alors que Stéphane désosse des jouets et de vieilles radios pour en faire des instruments. Pour diffuser leurs passions, ils proposent des ateliers de menuiserie, de philosophie, de cirque …
Une bataille juridique
Le collectif Emergence a été créé en mai 2011. Trois toulousains se retrouvent dans ce projet et décide d’occuper un bâtiment appartenant aux réseaux ferrés de France. « Durant quatre mois et demi, nous avons programmé près de 70 artistes mêlant concert, théâtre, performances et ateliers en tout genre » raconte Clément. Toutefois, ils sont expulsés du bâtiment le 3 octobre 2011. » Le droit d’usage ne pèse pas grand chose face au droit de propriété. Ainsi, les CRS nous ont expulsé un matin d’octobre » se souvient Clément.
Aujourd’hui, la préfecture leur demande de quitter leur « squat ». En cause, la vétusté du Lido. Pourtant, ces jeunes artistes se démènent pour le retaper. « C’est un lieu avec énormément de possibilité » ajoute Emilie. Le 24 février, le collectif passera devant le tribunal. L’avenir de cette entrezone culturelle est en jeu.
Sandra Cazenave
Pour rejoindre le collectif et participer aux manifestations culturelles, il suffit de prendre une carte d’adhérent (prix libre).