Rachid, accusé du meurtre de sa femme, a été reconnu coupable. Le prévenu écope d’une peine de 20 ans d’emprisonnement. L’assassinat de Fatima, sa femme, a été décrit comme « un crime passionnel » par la défense. Et caractérisé comme un « crime violent » par la partie civile.
Ce mardi 31 janvier en début d’après-midi, l’avocat général avait également requis une peine de 20 ans d’enfermement devant la cour d’assises de Haute Garonne. Selon lui, « il n’y a aucun élément révélant l’infidélité de Fatima » . Les préservatifs que Rachid aurait vu dans la poubelle, n’ont jamais été retrouvés. Il va jusqu’à évoqué que l’homme pensait déjà tuer sa femme avant les faits. Il cite ainsi le procès verbal de Rachid: « J’étais en colère, cela faisait un moment que ça bouillait ».
Le 29 mars 2009, il accuse Fatima de le tromper. A bout de patience peut-être, elle finit par lui répondre que « oui, elle a couché avec un autre ». Il la menace alors. Après une discussion, cet homme finit par la poignarder avant de se ruer sur elle pour l’étrangler. « Ce n’est pas un acte de folie. Les experts ont confirmé que c’est juste un homme impulsif. » confirme l’avocat général.
UNE VIOLENCE QUOTIDIENNE
Selon M° Boissel, avocate de l’association « Du côté des femmes », cette affaire reflète les inégalités vécues dans la sphère privée. Lors de leurs plaidoiries, elle et M°Chayrigues insistent sur l’état de soumission de Fatima. Un fait grave quand on sait qu’une femme sur dix est victime de violence conjugale en France. M°Chayrigues met en exergue l’emprise de Rachid sur sa femme.
Plus que cela, « Fatima était dévalorisée. Elle s’est enfuie du domicile le 24 mars car elle avait reçu une déferlante de coups » ajoute -t-elle. Elle retourne ensuite chez eux car elle et seule et qu’ « elle l’aime ». La partie civile ne veut pas qu’il y ait de confusion. « Ce n’est pas un crime passionnel, c’est celui d’un homme violent » assure M°Boissel. « Rachid a inventé les infidélités de sa femme» ajoute M°Chnani, l’avocat de la mère de Fatima. En effet, son principal défaut est sa « jalousie paranoïaque ».
CRIME PASSIONNEL ?
Face à ces plaidoiries, la défense explique que « ce n’est pas le procès pour la cause des femmes battues. » Mais celui d’un homme, Rachid. Pour les avocats du prévenu, il n’y a pas de doute : « ce meurtre est un crime passionnel ». Et pour qualifier la relation de ce couple, M°Briene emploi deux termes, la « passion » et la « destruction ». Dès leur rencontre, Rachid vit un « coup de foudre ». Tout bascule lorsque Fatima commence « à tchatcher sur l’ordinateur ». « Rachid a alors l’intime conviction que sa femme le trompe» ajoute M°Briene. Avant d’expliquer que « cet homme blessé va faire subir la souffrance qu’il endure à sa femme. » Ainsi, la défense démontre que cet assassinat serait un crime « par amour ». Rachid est un homme suicidaire, jaloux et fragile psychologiquement selon ses avocats. « En la tuant, il s’est puni tout seul. » conclue M°Briene.
UNE ENFANCE DIFFICILE
Son confrère revient sur l’histoire personnelle de Rachid. « Cet homme est devenu violent par la force des choses ». En effet, plusieurs témoins ont évoqué que Rachid était violenté dans sa jeunesse. « Nos parents l’attachaient au radiateur et le frappaient avec des câbles électriques » a avoué son frère. Cette marginalisation a crée en lui un sentiment d’abandon. « Rachid n’a pas confiance en lui. Malheureusement il n’a pas les capacités intellectuelles pour mesurer la gravité de ses actes » ajoute M°Malka. Aujourd’hui, l’homme reconnaît sa culpabilité. Et demande le pardon. Selon ses avocats, « cet homme n’a rien d’une ordure ».
Cette tragédie aura fait plus d’une victime. Et notamment leur fils, Ali. L’avocat qui le représente, M°Boucharinc, se demande comment cet enfant va vivre en sachant ce que son père a fait. « Ce sera difficile pour lui d’accéder à la vérité » indique-t-il. Plus que tout, il va falloir penser à la construction de ces sentiments. « Son père est le meurtrier de sa mère. C’est difficile de l’aimer en sachant ça. »
La décision concernant les dommages et intérêts des victimes est mise en délibéré. Elle sera rendu le 19 mars prochain.
Sandra Cazenave
Une phrase résume bien cette triste affaire… « en la tuant, il s’est puni tout seul. »