A Paris, un attentat a détruit mercredi le siège de l’hebdomadaire satirique « Charlie-Hebdo » qui avait publié un numéro spécial intitulé Charia Hebdo avec le prophète Mahomet en couverture. Depuis quelques semaines, les représentations au Théâtre de la Ville de « Sur le concept du visage du fils de Dieu » de Romeo Castellucci sont perturbées par des mouvements de protestations. Dans ce climat particulier, A Toulouse, des manifestations sont prévues contre la programmation de la pièce de théâtre Golgotá Picnic de Rodrigo Garcia programmée du 16 au 20 novembre au théâtre Garonne. La consigne formulée sur le site www.defendonslecrucifix.org est parfaitement claire : écrire aux directeurs de théâtres qui programment la pièce Golgotá Picnic de Rodrigo Garcia pour leur demander « de déprogrammer » la pièce. A défaut, des manifestations seront organisées devant le théâtre.
Sur son site internet, le théâtre Garonne fait état de « pressions » et même de « menaces ». Cette tentative de censure a interpellé la députée socialiste de Toulouse Martine Martinel qui se dit aujourd’hui choquée par cette situation. Pour l’élue socialiste « La liberté d’expression et de création ne se partage pas. Son fractionnement en fonction des préjugés, des croyances, des goûts, des intérêts de factions politiques ou religieuses est rigoureusement contraire au droit que la République garantit à chacun. »
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Rodrigo Garcia
Né en 1964 à Buenos Aires, il vit et travaille à Madrid, depuis 1986. Auteur, scénographe et metteur en scène, il crée, en 1989, la compagnie La Carniceria Teatro avec laquelle il réalise de nombreuses mises en scène expérimentales, en recherchant un langage personnel, éloigné du théâtre traditionnel. Ses références sont inclassables, elles traversent les siècles sans se soucier de la chronologie : on pense pêle-mêle à Quevedo – poète du Siècle d’or espagnol – à Beckett, Céline, Thomas Bernhard mais aussi à Buñuel ou encore à Goya. Rodrigo García est l’auteur de nombreuses pièces dont il assure le plus souvent la mise en scène.
Photo Toulouse7.com/David Ruano
Le propos est de renvoyer l’homme à ce qu’il fait de la religion et de l’y réduire, Les réactions extrémistes démontrent que la religion n’est qu’un vernis qui recouvrent mal des envies de domination, de pouvoir, de puissance, de mise sous tutelle des incroyants à une foi bien étrangère au message d’amour des dix commandements. Cette pièce est démoniaque parce qu’elle assimile la religion, le message religieux à ce qu’en font les hommes et choquent les croyants par le biais de cette opposition. La provocation est là et les chrétiens traversés par des influences d’extrême droite tombent dans le piège en démontrant en actes juridiques et violent qu’ils ne retiennent qu’une chose: que les passions humaines prennent le pas sur le message de celui qui avait refusé de prendre parti au point de se faire trahir par Judas. Les Judas d’aujourd’hui sont ceux là mêmes qui protestent. Cette pièce avilit en faisant tomber le genre humain dans ses travers où Dieu a le dos large au lieu d’éduquer et d’élever son esprit et son sens moral sans parler de sa tolérance.
Une pièce condamnable qui pourtant devrait amener chaque chrétien à faire une ascèse de ce qu’il est vraiment vis à vis de Dieu, de sa manière d’être aux autres comme la vie du Christ en a pu témoigner.