Après Martine Aubry ce matin, François Hollande a répondu cette après midi à la lettre d’Arnaud Montebourg. Ce dernier, arrivé 3e du premier tour de scrutin avait adressé une missive à François Hollande et Martine Aubry dans laquelle il leur demandait de prendre en compte ses propositions sur la mondialisation, le contrôle des banques et le fonctionnement des institutions.
48 heures plus tard, François Hollande a répondu via Facebook au député de Saone et Loire. La lettre est disponible sur son site internet. Particulièrement longue dans sa forme, la missive précise la position du député de Corrèze sur un certain nombre de points.
« Je veux d’abord te dire mon accord sur la nécessité de reprendre le contrôle politique du système financier » dans ce paragraphe François Hollande précise les propositions déjà formulées mercredi soir lors de son débat face à Martine Aubry : conditions d’entrée de la puissance publique dans le conseil d’administration d’une banque, droit de véto et système, séparation des activités de dépôt et d’affaire et organisme de péréquation financière entre les établissements financiers.
Ceci vaut pour la France. Mais cela ne sera pas suffisant : nous devrons changer les règles du jeu de la finance mondiale. Je fais trois propositions précises :
– Je propose d’interdire les pratiques de marché sans rapport direct avec l’économie réelle. Les produits dérivés, sur lesquels s’échangent aujourd’hui plusieurs centaines de fois le PIB mondial, ne devraient être autorisés que lorsqu’ils permettent à une entreprise de couvrir des besoins réels.
– Je veux en finir avec la rente dont bénéficient actuellement les activités financières. Il faut taxer le secteur et ses rémunérations afin de les remettre à leur juste place. La taxe sur les transactions financières en sera l’instrument. Avec le Parti Socialiste Européen, nous exigerons son adoption au niveau européen en 2012. Si l’initiative était bloquée au niveau européen, nous continuerons d’avancer sans attendre avec tous les partenaires qui accepteraient de nous suivre. A l’Assemblée nationale, nous avons déjà engagé des travaux dans ce sens avec nos amis du SPD au Bundestag.
Cette taxe devra porter sur tous les produits financiers, des échanges de titres (actions, obligations) aux produits dérivés, pour ne laisser aucun espace d’évitement aux acteurs financiers.
– Je veux également doter les autorités de régulation de vrais pouvoirs : face à des marchés mondiaux, nous ne pouvons nous en tenir à des réponses nationales. En Europe, il faut que l’Autorité européenne des marchés financiers devienne le gendarme unique de la bourse, de Londres à Paris en passant par Francfort. Et son champ d’action doit comprendre les assurances et les banques. Le système européen de surveillance financière (SESF) ne doit pas rester composé de trois autorités de surveillance européennes séparées : j’agirai au niveau européen pour une fusion en un seul organisme de l’Autorité bancaire européenne (ABE) avec l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP) et l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF). La finance est un tout. Cette séparation des organismes de contrôle revient à s’interdire d’emblée une intervention publique efficace. Surtout, j’agirai pour remettre en cause les directives européennes de déréglementation financière, en particulier la directive MIF.
il est à noter que François Hollande, dans ce nouveau ségment de son offre politique propose désormais de « de mettre en place une procédure pénale visant l’évasion fiscale ».
de la « démondialisation »
Là encore, François Hollande ne fait que développer un certain nombre de propositions présentées mercredi ou reprise du projet, commun, socialiste. « Je te propose de chercher ensemble les moyens d’une protection moins naïve » adresse au passage, François Hollande à Arnaud Montebourg. Nouveauté dans la position de Hollande, le droit de la concurrence dans l’Union européenne. Hollande propose de le « repenser dans l’Union Européenne et notamment le régime des aides d’Etat ».
S’agissant de l’organisation des pouvoirs et de la pratique politique
Nulle nouveauté de la part de François Hollande à l’exception d’un point : « La libération des données publiques que tu évoques en est un élément, et je soutiens cette réforme importante » indique ici François Hollande.
Comme tu le vois, sur les sujets démocratiques et institutionnels, nos pensées convergent et j’ai tenu non seulement à répondre à tes propositions, mais aussi à en faire d’autres, afin que ce dialogue que nous avons en toute transparence devant les Français ne s’arrête pas aussitôt la primaire achevée.
François Hollande conclut sa missive par un « Je souhaite enfin t’indiquer que mon programme présidentiel nécessitera, pour être appliqué, le travail d’une équipe gouvernementale traduisant le nécessaire renouvellement de notre vie politique et clairement ancrée à gauche : il va de soi qu’aucun ministre ayant participé aux gouvernements de Nicolas Sarkozy n’en fera partie » et un « . Je compte sur toi dans le grand rassemblement qui permettra à la gauche de gagner en 2012 ».