Les réactions des ténors de la majorité qui se vantent publiquement de vouloir tenter de brouiller le vote pour la présidence du Sénat est particulièrement symptomatique. La situation est grave pour Nicolas Sarkozy et pour ses soutiens au sein de l’UMP. Le mini remaniement en est la preuve. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République la gauche PS, PCF, Verts, PRG, Div. Gauche et PG dispose d’une courte majorité. 177 sièges sur 348.
Nicolas Sarkozy, à la différence de ses prédécesseurs, Chirac, Giscard, Pompidou ou De Gaulle réussit à perdre l’un des bastions de la droite : la haute Assemblée. Fief des conservateurs, le Sénat était, d’une certaine manière, protégé de tout risque d’alternance par un mode de scrutin particulier, faisant la part belle aux territoires ruraux, à la France des terroirs, plus encline au respect de de l’ordre et de la propriété. Au conservatisme. La poussée de la gauche et particulièrement du Parti socialiste aux élections intermédiaires n’explique pas ce résultat. En scrutant les détails des résultats apparaît une nouveauté : le report du vote d’une partie traditionnellement conservateur du corps des grands électeurs vers la gauche. Ce qui constitue une véritable camouflet pour Nicolas Sarkozy. Et une grande source d’interrogations avant les élections présidentielles de 2012.
Mais un Sénat dirigé par une majorité de Gauche aura une seconde conséquence. Après les désignations des présidences de groupe d’étude, la gauche devrait disposer de plus de pouvoir sur le calendrier législatif. Et de fait, disposer d’un levier de pression contre le gouvernement. Si la Ve République prévoit que l’Assemblée nationale dispose du dernier mot. Il est tout aussi vrai qu’une majorité de Gauche à la chambre haute peut amender et freiner l’adoption de nombreux textes. A commencer par les deux plus importants : le projet de loi de finance pour la sécurité sociale et le Projet de budget. Ce qui devrait réduire d’autant plus la marge de manoeuvre d’un Nicolas Sarkozy déjà empêtré dans la crise de l’Euro.
Photo CC/European People’s Party