Dans un message transmis aux membres de son courant, le maire de Paris Bertrand Delanöe a décidé d’intervenir dans le débat qui anime quotidiennement les débats de l’Assemblée Nationale. « Depuis plusieurs jours » déclare le ténor socialiste, « le gouvernement de la France et le parti majoritaire ont résolu de se fixer un nouvel objectif, un horizon mobilisateur, un but collectif : faire échouer le processus des primaires socialistes. Celles-ci, à en croire le ministre de l’Intérieur, posent en effet « un problème grave », à résoudre de toute urgence ».
Pour Bertrand Delanoe « Tant d’étroitesse et de mesquinerie ne mériteraient pas de réponse s’il ne fallait dissiper les confusions et réfuter les contrevérités. Je constate d’abord que la droite entreprend de dévier le débat national, qui met en jeu l’avenir de notre pays, vers des logiques procédurières, et que l’obstruction lui tient désormais lieu de politique ».
« Sur quels arguments se fonde l’UMP pour appuyer la violence de son offensive ? Sur deux mensonges. Premièrement, l’organisation des primaires coûterait de l’argent aux contribuables. C’est faux : tout sera pris en charge par les fédérations socialistes, à l’euro près. Deuxièmement, l’opération pourrait conduire à un « fichage » des citoyens en fonction de leurs opinions politiques. C’est encore faux : les listes d’émargement seront placées sous scellés, et détruites dès le lendemain du vote, sous contrôle d’huissier. L’ensemble de la procédure a du reste été validée par la CNIL et le Conseil constitutionnel. La tentative d’empêchement de l’UMP est donc, en toute hypothèse, vouée à l’échec » souligne encore le maire de Paris.
« Alors, pourquoi cette agitation? La réalité est assez claire : la droite a peur. Elle voit venir ce grand moment démocratique avec une angoisse qu’elle n’arrive pas à dissimuler. Car les primaires seront un révélateur. Les Français verront d’un côté, une gauche qui débat, ouvertement, sans tabou, sans crainte, devant les citoyens, autour d’un projet connu et assumé. De l’autre côté, une droite repliée sur elle-même, sans projet, avec un candidat imposé sans débat. D’un côté le dialogue, de l’autre le monologue. D’un côté, des citoyens considérés comme des adultes responsables, de l’autre des électeurs réduits à une clientèle infantilisée. Ne doutons pas que les Français sauront faire la différence » estime encore Bertrand Delanöe.
« Je lance un défi à l’UMP : qu’elle organise, elle aussi, des primaires, qu’elle assume le débat devant les citoyens, qu’elle s’ouvre, enfin, à la vitalité démocratique. Les collectivités locales de gauche ne chercheront pas, elles, à l’en empêcher. Et si ce défi reste sans réponse, c’est que la gauche et la droite incarnent deux façons opposées de faire de la politique, qui, n’en doutons pas, annoncent deux modes de gouvernement radicalement différents. Si les citoyens accordent à la gauche leur confiance, la parole et le pouvoir leur seront rendus. Les corps intermédiaires reconquerront leur rôle, les syndicats retrouveront leur place, et le Parlement, surtout, assumera pleinement ses responsabilités. La France ne sera plus gouvernée par le secret, elle ne sera plus conduite dans l’opacité. Car ce que révèle avant tout cette triste polémique sur les primaires, c’est que le gouvernement de notre pays a peur de la démocratie. Et cela constitue sans conteste « un problème grave » » a conclu Delanöe.
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