Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a tiré mardi la sonnette d’alarme sur l’afflux de réfugiés en Libye qui retournent dans ce pays afin de tenter la traversée de la mer Méditerranée sur des embarcations de fortunes pour rejoindre l’Europe.
« Des centaines de personnes qui avaient fui la Libye vers la Tunisie et l’Egypte ces dernières semaines sont revenues en espérant embarquer à bord de bateaux pour effectuer la traversée vers l’Europe. Parmi elles, il y a des réfugiés, y compris des membres des communautés somalienne, éthiopienne et érythréenne des camps de Choucha en Tunisie à la frontière avec la Libye », a indiqué une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d’une conférence de presse à Genève.
1.200 personnes sont portées disparues depuis le 25 mars
« Le HCR mène des discussions avec ces communautés, en les informant sur les risques encourus lors de cette traversée et du retour sur le territoire libyen. En mars, le HCR a appris par la communauté somalienne dans le camp de Choucha que deux Somaliens ont été tués par balles en Libye », a-t-elle ajouté.
A ce jour, environ 14.000 personnes sont arrivées par bateau en Italie et à Malte après avoir quitté la Libye. Sur ce nombre, 1.669 personnes sont arrivées vendredi et samedi dernier. D’après les témoignages recueillis par les équipes du HCR, les survivants et des proches, plus de 1.200 personnes sont portées disparues depuis le 25 mars.
« Le HCR a rencontré à Tripoli des réfugiés qui prévoient d’effectuer cette traversée périlleuse. Ils sont tous pleinement conscience du lourd tribut en vies humaines, mais ils nous ont expliqué n’avoir plus rien à perdre. Un Erythréen nous a indiqué qu’il préférait mourir en quête de sécurité plutôt que de continuer à vivre dans le danger. Un grand nombre d’entre eux vivaient en Libye depuis plusieurs années, ils avaient été emprisonnés plusieurs fois. Ils sont originaires de pays comme l’Erythrée et la Somalie où un retour en sécurité dans leur pays n’est pas envisageable », a expliqué Melissa Fleming.
Selon le HCR, des milliers de personnes vont encore tenter cette traversée. La majorité des arrivants ont fait le voyage à bord de bateaux surchargés de passagers et qui ne sont pas appropriés pour la navigation.
« Le HCR réitère son appel à tous les navires en Méditerranée selon lequel toute embarcation bondée quittant la Libye en ce moment doit être considérée comme étant en situation de détresse », a rappelé la porte-parole du HCR.
Le HCR estime que 6.000 personnes se trouvant actuellement dans les zones frontalières en Egypte et en Tunisie et au Caire, auront besoin, dans les prochains mois, d’une réinstallation. A ce jour, 11 pays de réinstallation ont offert plus de 900 places de réinstallation.