Noyées le 30 mars dans le discours au Parlement de Assad, les promesses de reformes faites pour calmer le peuple syrien seraient-elle en train de refaire surface ? Les manifestations continuant, le pouvoir se doit de réagir s’il veut éviter le bain de sang, et Bachar el-Assad une chute à la Ben Ali. Ainsi, Adel Safar à été nommé chef du gouvernement, il s’agit de l’ancien ministre de l’Agriculture. Diplômé en France à Polytechnique, il reste cependant un membre du parti Baas, au pouvoir dans le pays. Notons que ce parti était également celui gouvernant l’Irak de Saddam Hussein, et qu’il avait été créé à Damas en 1947 afin de parvenir à la création d’une grande Nation Arabe.
Le fauteuil de gouverneur de Deraa a également un nouvel occupant depuis lundi. L’agence officielle syrienne Sana a indiqué par communiqué que Mohammad Khaled al-Hanousse avait prêté serment devant le Président. Il aura à sa charge la tâche ingrate de gérer la région d’ou est partie la vague de contestation.
De plus, le quotidien syrien Al-Watan (proche du pouvoir) a affirmé dans son édition de lundi que serait prête d’ici vendredi une nouvelle loi visant à remplacer la « loi d’urgence » en place depuis décembre 1962. C’est une des principales revendications des manifestants.
Hier encore, à Lattaquié, huit personnes et dix-sept autres ont été blessées dans l’incendie d’une prison. Il s’agirait, selon des témoignages recueillis sur place d’une tentative de mutinerie, l’incendie ayant été déclenché par la mise en torche de matelas.
L’Orient le Jour, le quotidien libanais en langue française, rapporte la libération aujourd’hui de sept militants des droits de l’Homme, selon un avocat. Il rappelle ainsi que les libérations d’opposants politiques se sont succédées ces derniers jours. Environ 70 personnes avaient été arrêtées depuis le 15 mars pour « atteinte au prestige de l’Etat », ou encore « incitation a des dissensions racistes et confessionnelles ».
Un sondage réalisé sur le site internet du journal libanais indique que pour 45.1 % des sondés, cette situation va mener a la chute du pouvoir en place. Signalons que 23.3 % pensent que cette situation va influer négativement sur le Liban. Si ces interrogations sont au cœur des préoccupations pour une grande partie de la population moyen-orientale, c’est qu’un basculement de régime en Syrie pourrait avoir de lourdes conséquences pour toute la région. En incluant l’Iran, l’Irak, le Liban, Israël, le Hezbollah, les Palestiniens. Une poudrière qui n’attendrait plus qu’une allumette, en somme.