Le ministère de la santé a donné mardi 16 novembre l’ordre à tous les patients du mediator d’aller consulter un médecin au plus vite.
Bienvenu au cœur d’un très grand scandale de santé car le mediator, retiré du marché en novembre 2009 a déjà fait environ entre 500 et 1000 morts selon l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Pourquoi une si longue attente avant de retirer un médicament aussi dangereux ? Sachant que plusieurs pays l’avaient retiré de leurs marchés.
A l’origine réservé aux malades du diabète en surpoids, le mediator sera très vite prescrit à d’autres patients car ses effets coupe-faim l’inscrivent désormais comme une solution pour ceux désirant maigrir. Commercialisé depuis 1976 par les Laboratoires Servier (Deuxième groupe pharmaceutique français) il a longtemps été le produit le plus prisé du groupe.
Effet indésirables
En 1997 une étude du « New England Journal of Medicine » publie un article détaillant les effets nocifs du dexfenfluramine sur les valves cardiaques. La même année, les fenfluramines dont le célèbre coupe-faim Isoméride, également vendu par Servier — sont interdites aux Etats-Unis et en Europe. Le mediator, qui n’est commercialisé qu’en Europe, échappe à l’interdiction, alors même que sa parenté avec les coupe-faim interdits est connue. Rapporte le quotidien Le Monde.
On découvre alors un médicament dangereux dont les effets secondaires sont mortels. Entre 1976 et 2009, 9 millions de français ont pris ce médicament. Selon une estimation de la Caisse nationale d’assurance maladie entre 500 et 1000 personnes seraient mortes de maladies liées à la prise du médiator. Des maladies des valves cardiaques ainsi que des cas rares d’hypertension pulmonaire qui perdurent au-delà de la prise du médicament. Des chiffres qui font froid dans le dos.
Immobilisme des autorités sanitaires
Une chose est sure, les victimes ne comptent pas en rester là. L’avocat de plusieurs d’entre elles, Charles Joseph-Oudin qualifie cette situation de « scandale sanitaire majeur ». Ses clients ont décidé d’attaquer le laboratoire Servier en justice. Toujours dans une tribune écrit au Monde, un député s’interrogeait sur le fait que les autorités sanitaires aient attendu si longtemps avant de prendre les mesures d’interdictions du médicament alors même que ses effets néfastes étaient connus depuis 1997. Et qu’en Espagne il a été interdit en 2005. L’Afssaps est pointé du doigt dans cette histoire et selon Me Joseph-Oudin il n’est pas impossible que l’Afssaps soit aussi poursuivit au civil.
Photo DP/Toulouse7.com