L’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Fonds monétaire international (FMI) ont publié cette semaine une évaluation des perspectives de l’emploi au lendemain de la crise financière mondiale et rappellent les redoutables difficultés auxquelles se heurtent les pays pour créer suffisamment d’emplois de qualité à l’appui d’une croissance et d’un développement durables.
le chômage à un niveau record
Cette évaluation est présentée dans un document de synthèse diffusé dans la perspective d’une conférence conjointe FMI-OIT de haut niveau qui se tiendra le 13 septembre à Oslo sous l’égide du Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, afin d’examiner de nouveaux moyens d’instaurer une reprise durable et riche en emplois. Cette rencontre consacrée aux ‘Défis de la croissance, de l’emploi et de la cohésion sociale’ réunira des dirigeants politiques et syndicaux, des chefs d’entreprise et des universitaires.
« La grande récession a eu des conséquences catastrophiques sur l’emploi et cet effet dévastateur menace les moyens de subsistance, la sécurité et la dignité de millions de personnes dans le monde. La communauté internationale doit se mobiliser pour relever le défi » », a déclaré le Directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.
le taux de mortalité des salariés licenciés
« Nous percevons désormais les signes d’une reprise fragile, mais pour des millions de personnes et d’entreprises à travers le monde la crise est loin d’être terminée », a déclaré pour sa part le Directeur général du BIT, Juan Somavia. « Notre priorité absolue doit être de promouvoir une croissance axée sur l’emploi, faute de quoi la reprise économique mettra des années à atteindre ceux qui en ont le plus besoin ou elle risquera de ne pas se matérialiser du tout ».
Deux ans près le déclenchement de la crise économique mondiale, le chômage se maintient à des niveaux record dans de nombreux pays. Selon l’OIT, il y a, depuis 2007, une trentaine de millions de chômeurs de plus dans le monde et les chiffres ne semblent guère devoir reculer prochainement.
Selon le FMI, « si l’on peut en juger par les effets des récessions antérieures, les personnes qui perdent leur emploi risquent un affaiblissement persistant de leurs revenus salariaux, une diminution de leur espérance de vie et une baisse du niveau d’instruction et des revenus de leurs enfants. Le chômage pourrait par ailleurs influer sur les mentalités d’une manière qui diminue la cohésion sociale, un coût que toute la société devra supporter.» Les retombées du chômage sur les revenus d’une vie sont démontrées dans des études conduites aux États-Unis selon lesquelles « même 15 à 20 ans après une perte d’emploi durant une récession, le manque à gagner s’élève en moyenne à 20 % ». Sur le plan de la santé, les licenciements « vont de pair, à court terme, avec une hausse des risques de crise cardiaque et autres maladies liées au stress. À long terme, le taux de mortalité des travailleurs licenciés est supérieur à celui de salariés comparables qui ont conservé leur travail.».
D’après le FMI, « une reprise de la demande globale est le remède universel au chômage ». L’institution juge que « de manière générale, la majorité des pays avancés ne devraient pas durcir les politiques budgétaires avant 2011, car un tel resserrement risquerait de compromettre la reprise ». La politique monétaire peut aussi continuer d’accompagner la demande globale car les tensions inflationnistes restent faibles.
S’agissant de la problématique de la dette publique à laquelle doivent faire face de nombreux pays, l’OIT met en garde sur un abandon prématuré des politiques budgétaires d’accompagnement qui « pourrait porter atteinte à la croissance, voire aggraver les déficits et les niveaux d’endettement ». Elle préconise également « des stratégies de sortie et de réduction des déficits à court terme, cordonnées et bien articulées ».
L’OIT dresse un sombre bilan de l’emploi à l’échelle mondiale : 210 millions de sans-emploi, chiffre sans précédent, et 80 % de la population mondiale sans accès à un dispositif de protection sociale.
Concernant le chômage, l’OIT estime qu’« au cours des dix prochaines années, plus de 440 millions d’emplois devront être créés pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail, et bien plus pour enrayer le chômage provoqué par la crise. L’institution ajoute qu’« il est indispensable d’améliorer la qualité de l’emploi, en créant des emplois plus productifs offrant de meilleurs salaires, pour appuyer la lutte contre la pauvreté et favoriser le développement ».