Ancien Maire de Toulouse et leader de l’opposition municipale Jean Luc Moudenc a accepté de préciser sa position sur les questions de sécurité. Et notamment sur le rôle du maire en la matière. En adressant au passage quelques coups de griffes au député maire socialiste de Toulouse Pierre Cohen. Dans cette interview, Jean Luc Moudenc évoque également les prochaines échéances électorales. Le successeur de Dominique Baudis et Philippe Douste Blazy a la tête de l’exécutif municipal a récemment co signé un texte polémique, dans lequel il apporte son soutien au maire UMP de Nice et Ministre de l’Industrie Christian Estrosi qui demandait alors « des pénalités aux municipalités qui refusent d’appliquer la loi en se détournant des moyens mis à leur disposition par le Gouvernement pour lutter contre la délinquance ».
TOULOUSE7.com – Soutenir Christian Estrosi est ce un moyen de quitter le centre droit pour rejoindre la droite plus radicale ?
Jean Luc MOUDENC – Votre question est provocatrice et me fait sourire. Je suis et reste un centriste mais je crois qu’il faut retenir une certaine leçon d’un passé assez récent. Et ne pas abandonner les questions de sécurité à la seule « droite radicale », comme vous dites, et encore moins à l’extrême droite. Toute les familles de pensée et toutes les sensibilités doivent au contraire s’impliquer sur ce thème qui touche le quotidien de nos concitoyens et proposer des solutions.
Dans ce texte, vous évoquez la responsabilité des maires dans les questions de sécurité, pourriez vous préciser votre pensée et notamment, quelle devrait être, selon vous, la répartition des tâches entre élus, préfets, procureurs de la république et autorités policières ?
C’est la loi qui donne une réponse, large et précise, à cette question. Le rôle du Maire et de la Police Municipale est de faire respecter les règlements municipaux, en particulier ceux qui régissent le domaine public municipal. L’alcoolisme sur la voie publique, les agressions et rixes, les chiens non tenus en laisse, les incivilités et insultes, la mendicité agressive, le bruit et tapage nocturne, les normes d’hygiène et de sécurité dans les débits de boissons, tout cela peut être traité par la Police Municipale, sous l’autorité du Maire.
Les vols, cambriolages, trafics en tout genre (drogue, recel), le proxénétisme, le démantèlement des réseaux mafieux et intégristes, le grand banditisme, le maintien de l’ordre public en général, tout cela relève de la Police nationale sous l’autorité du Préfet.
Les deux polices ont des métiers différents et complémentaires, mais doivent travailler ensemble.
Et si sur certains sujets leurs rôles sont bien séparés, sur d’autres, ils doivent s’exercer conjointement : la police des marchés et la répression des vendeurs illégaux par exemple.
Grosso modo, la Police Municipale agit sur les actes du quotidien, dans la proximité, la Police Nationale sur la délinquance plus dure et plus organisée.
Quant au Maire, il a un rôle de premier plan à tenir dans la prévention de la délinquance et dans la conception de l’urbanisme et le choix du mobilier urbain, qui ont un impact majeur sur la sécurité.
A Toulouse, les statistiques de la délinquance font état d’une forte progression des atteintes aux personnes : pourquoi ? Comment y remédier ? A ce propos, Pierre Cohen fait état d’un manque d’effectifs policiers, qu’en pensez vous ?
Bien sûr que nous manquons d’effectifs policiers de Police Nationale. Cela ne date pas d’aujourd’hui, et, sous tous les gouvernements, les Maires de Toulouse successifs depuis des années se battent pour davantage d’effectifs.
Je me souviens avoir demandé et obtenu, vers la fin de mon mandat, que Toulouse soit parmi les premières villes bénéficiant des UTEQ, ce qui est effectif depuis octobre 2008.
Mais comment un Maire de Toulouse peut-il être crédible et avoir une chance d’être écouté lorsque, d’un côté, il demande à l’Etat davantage de policiers nationaux et que, de l’autre, lui-même diminue les effectifs de la Police Municipale et met fin aux patrouilles de nuit de celle-ci ? C’est ce qui se produit actuellement à Toulouse…
C’est vrai que les agressions envers les personnes se sont accrues depuis le début de l’année, comme en reflet de notre société de plus en plus violente. L’augmentation des effectifs des deux polices, nationale et municipale, et leur présence plus forte sur le terrain dans les moments et endroits où cette violence se développe, me paraissent être des réponses utiles et nécessaires.
Un retour de Philippe Douste Blazy en politique a été évoqué à la suite d’une rencontre avec Nicolas Sarkozy, croyez vous que votre ancien mentor fera parti du prochain gouvernement annoncé pour octobre ?
Je n’ai aucune information sur le remaniement ministériel et j’imagine que d’ici octobre, toutes sortes de bruits de couloir vont se répandre. Je parie qu’il y aura de quoi composer 10 gouvernements !
Dans la perspectives des élections de 2012 soutiendrez vous une nouvelle candidature de Nicolas Sarkozy, ou pensez vous, comme Dominique de Villepin qu’il faut « une alternative républicaine » ? Vous présenterez vous aux élections législatives, dans quelle circonscription ?
Il est bien trop tôt pour répondre à cette question, puisque nous sommes loin de la période d’appel des candidatures. Pour l’élection présidentielle, je soutiendrai la personne qui portera les couleurs de la Majorité. Quant aux élections législatives, il est, là aussi, trop tôt pour prendre des décisions. Si je devais être candidat, je le serais naturellement là où j’habite depuis 18 ans et où j’ai été élu conseiller général chaque fois que je me suis présenté, en 1994 et 2001.
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Photo (c) Guillaume Paumier Creative Commons CC-BY-SA-2.5 Toulouse7.com
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