A deux jours d’une conférence des donateurs pour Haïti à New York, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé lundi à faire de l’espoir une réalité, alors qu’on estime que le pays aura besoin d’environ 11,5 milliards de dollars dans les dix prochaines années pour se relever du séisme du 12 janvier.
disparités profondes en matière de répartition des richesses
« C’est le défi que nous devons relever à New York : non pas reconstruire mais plutôt ‘construire mieux’, pour créer littéralement un Haïti nouveau », a souligné Ban Ki-moon dans une tribune publiée dans le quotidien américain Washington Post.
« Ensemble, le Président Préval et son gouvernement ont élaboré un plan d’action stratégique national devant orienter le relèvement et le développement du pays. Il s’agit à tous égards d’un document visionnaire », a-t-il assuré.
« De toute évidence, l’aide doit être bien dépensée et bien coordonnée », a continué le Secrétaire général, rappelant que jusqu’ici, les Nations Unies ont fourni à 1 million de personnes (soit environ les trois quarts de la population dans le besoin) des tentes et des bâches et en distribuerons encore 300.000 au cours des prochaines semaines.
la saison des pluies
« Nous disposons désormais aux alentours de Port-au-Prince de plusieurs sites importants où nous pouvons reloger les personnes qui vivent dans des secteurs menacés par les inondations lorsque la saison des pluies commencera vraiment », a-t-il ajouté.
Mais « à mesure que nous acheminons de l’aide d’urgence à la reconstruction à plus long terme, il faut admettre que nous ne pouvons pas nous contenter de faire comme d’habitude », a-t-il dit. « Notre ambition aujourd’hui c’est de rebâtir le pays de fond en comble. En collaboration avec la communauté internationale, les dirigeants haïtiens s’engagent à conclure un nouveau contrat social avec le peuple ».
« Autrement dit, il faut un gouvernement entièrement démocratique, doté de politiques économiques et sociales judicieuses pour faire face à l’extrême pauvreté et aux disparités profondes en matière de répartition des richesses. Cela signifie aussi qu’il faut des élections libres et régulières, organisées avec l’aide de l’;ONU, de préférence avant la fin de l’année », a ajouté M. Ban.
Le Secrétaire général a aussi souligné que « ce nouveau contrat social doit autonomiser les femmes, comme chefs de ménage assurant l’entretien de leur famille, comme entrepreneurs créant des entreprises, comme défenseurs des personnes vulnérables, qui exercent tous leurs droits en tant que responsables dans les institutions démocratiques et les organisations d’action civile en constante évolution ».
En outre, « il doit offrir de nouvelles possibilités de promotion économique, et surtout des emplois ». Ban Ki-moon a notamment estimé que « le programme ‘travail contre rémunération’ de l’ONU devrait être un modèle ».
« En fin de compte, seuls les Haïtiens peuvent reconstruire, ou plutôt mieux construire, Haïti », a-t-il insisté. « Les dirigeants haïtiens savent bien que ce nouveau partenariat exige un attachement à la bonne gouvernance, à la transparence et à la responsabilité mutuelle entre l’administration et les administrés, entre les secteurs public et privé, entre Haïti et la communauté internationale ».