Les violences à l’encontre des femmes au Salvador augmentent de manière inquiétante, a alarmé lundi la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence contre les femmes, Rashida Manjoo, à l’issue d’une visite de trois jours dans le pays.
les disparités socio-économiques et la culture machiste
« Ce qui m’inquiète particulièrement », a dit Mme Manjoo « c’est la prédominance et les formes de cette violence souvent accompagnée de kidnappings et d’agressions sexuelles, spécialement l’augmentation alarmante du nombre de meurtres de femmes et de filles, et la brutalité corporelle qui leur est infligée ».
Après avoir rencontré de hauts responsables du gouvernement et des organisations non gouvernementales, Mme Manjoo a rappelé aux autorités que le rapport effectué en 2004 par le Haut commissariat aux droits de l’homme (HCDH), déjà alarmiste sur la situation des femmes dans le pays, est toujours d’actualité.
« L’impunité des crimes, les disparités socio-économiques et la culture machiste nourrissent un état général de violence, soumettant les femmes à de multiples actes violents comme le meurtre, le viol, les violences domestiques, le harcèlement sexuel et l’exploitation sexuelle », a dit Mme Manjoo, citant les conclusions du rapport du HCDH de 2004.
Après avoir visité une prison, la Rapporteuse spéciale a également pointé la situation déplorable des conditions de vie des femmes dans les prisons qui sont surpeuplées et sales.
Tout en reconnaissant que le pays « revient de loin dans la consolidation des institutions et de la protection des droits humains depuis la fin de douze années de guerre civile en 1992 », Mme Manjoo exhorte les autorités à reformer le système législatif et judiciaire, à créer une unité spéciale d’investigation et de poursuite des crimes de femmes mais aussi à mettre en place des projets de sensibilisation de la population.
En juin prochain, Mme Manjoo présentera un rapport complet assorti de recommandations qu’elle soumettra au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
« Aussi longtemps que les femmes et les filles ne seront pas libérées de la pauvreté et de l’injustice, tous nos objectifs, la paix, la sécurité et le développement durable, sont en danger », avait déclaré au début du mois de mars le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.