Un désengagement prématuré des plans de relance adoptés pour faire face à la crise économique mondiale risquerait de retarder de plusieurs années la reprise de l’emploi et rendre fragile et incomplète l’amorce de reprise actuelle, selon un nouveau rapport de l’Institut de recherche de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Dans une analyse des répercussions de la récession mondiale, le rapport de l’OIT sur le travail dans le monde 2009 indique également que si des mesures appropriées ne sont pas adoptées ou poursuivies, plus de 40 millions de personnes pourraient être exclues du marché du travail.
« Malgré les premiers signes de reprise économique, et en raison de la hausse significative du chômage et du travail à temps partiel, les mesures de soutien ne doivent pas être abandonnées trop tôt », estime Raymond Torres, directeur de l’Institut international d’études sociales de l’OIT, auteur principal du rapport. « La crise mondiale de l’emploi n’est pas terminée, ajoute-t-il. Il est dès lors crucial d’éviter les stratégies de désengagement prématurées. En bref, la reprise économique demeurera à la fois fragile et incomplète aussi longtemps que persistera la crise de l’emploi. On n’aboutira à une véritable reprise que lorsque l’emploi aura redémarré », explique M. Torres.
Le rapport montre également que la plupart des failles du système financier qui sont à l’origine de la crise actuelle n’ont pas été traitées jusqu’à présent, une autre raison pour laquelle un désengagement précoce serait contre-indiqué.
Le rapport indique aussi que ramener les personnes vers un emploi productif au plus tôt serait moins coûteux pour les finances publiques que d’avoir à prendre des mesures plus tardivement. Le rapport de l’OIT précise que la durée et l’ampleur de la crise de l’emploi pourraient être réduites si les mesures de relance et les politiques générales étaient centrées sur l’approche préconisée par le Pacte mondial pour l’emploi de l’OIT adopté cette année.
Le Pacte présente un catalogue intégré de politiques éprouvées qui placent l’emploi et la protection sociale au coeur des ripostes à la crise. Le rapport montre qu’en continuant d’appliquer des mesures de relance budgétaire, à condition qu’elles soient mieux centrées sur l’emploi, il serait possible d’augmenter l’emploi de 7% par rapport à un abandon prématuré de ces mesures.