Un gros coup de filet de la police a permis de faire comparaître cette bande toute entière, venant du quartier des Izards, devant le tribunal vendredi. Le verdict a été rendu lundi.
hachich et cocaïne
En octobre 2008, après plusieurs mois d’investigation pour retrouver toutes les sources, la police interpelle vingt personnes âgées de 18 à 31 ans. Ils saisissent aussi près de 64 000€ en liquide, 14 kg de hachich, 700g de cocaïne ainsi que plusieurs voitures et scooters. Mais tous ne sont pas interpellés. Cela fait un an qu’un gros dealer de 27 ans se cache des forces de l’ordre. Si la brigade des stups a pu remonter jusqu’à eux, c’est parce que les interrogatoires de certains clients arrêtés ont porté leur fruits. D’ailleurs, tous s’approvisionnaient au même endroit : « C’est de notoriété publique : les Izards sont un supermarché de la drogue » avouera l’un d’eux.
« Faire tourner le business »
Parmi les vingt accusés, trois sont suspectés d’être les leaders, les chefs du réseau de vendeurs. Le plus âgé -31 ans- dira « On n’est qu’une bande de copains, on n’est pas spécialement organisés, chacun fait son boulot et quand l’un est absent, on s’arrange pour faire tourner le business comme si de rien n’était ». Et la plupart vont se succéder pour déclarer qu’ils n’avaient aucun chef, qu’ils étaient tous égaux, travaillaient tous pour une caisse commune et cætera. Ce qui fera remarquer au président Jean-Pierre Vergnes que « Ça fait penser à un bateau. Chacun à son quart à faire et la journée passe ainsi… Je suis admiratif, votre affaire avait l’air de bien vous arranger tous. Je n’avais jamais vu un tel groupe de trafiquant s’arranger comme vous » ajouta-t-il faussement étonné, mais amusé.
Mais pour le procureur, il est important de faire le tri parmi tous les prévenus. S’ils pratiquaient tous les mêmes activités de base -la revente de stupéfiants- seuls certains gardaient l’argent et seuls certains prenaient les vraies décisions. « Il n’est pas question de stigmatiser tout un quartier » a-t-il ajouté pour se faire comprendre. « Nous avons affaire à des manipulateurs qui se sont organisés pour recruter des plus jeunes et être plus efficaces ».
Une bande bien organisée ?
Mais les avocats de la défense ne l’entendent pas de cette oreille. « On n’est pas dans l’organisation pyramidale, c’est de l’horizontale » lance Me Parra-Bruguière. « Des vrais, des gros, dans ce dossier il n’y en a pas. Ils sont tous du même niveau, des vendeurs de rue » ajoute Me Dunac. Me Marty-Daudibertières reprend les paroles du procureur à son avantage : « On ne doit pas stigmatiser ce quartier. Ce ne sont que des vendeurs parmi d’autres. Pas besoin d’aller jusqu’aux Izards en métro pour se fournir en produits stupéfiants ! ».
Pour faire la part des choses, le tribunal s’est donné deux jours pour rendre son verdict. Au final, celui-ci laisse entendre qu’il y a tout de même bien eu une organisation en condamnant l’homme de 31 ans à 4 ans de prison ferme, son bras droit de 22 ans à la même peine dont 1 an de sursis, puis en descendant dans la liste avec des peines amoindries : 3 ans ferme, 3 ans dont un avec sursis… jusqu’à des peines de sursis simple. « Bien entendu, rien de ce qui a été confisqué ne vous sera restitué » a conclu le président du tribunal. Adieu BMW, Audi, cocaïne…
Walid Hamadi
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