A deux pas du centre ville et du palais de justice, à quelques mètres du Conseil régional, un nouveau bidonville s’est installé sous le Pont Garigliano dans le quartier d’Empalot à Toulouse.
Quelques toiles de tentes, du bric et du broc en guise de logement. Le pont pour seul mur porteur. Ni toilettes, ni eau courante hormis celles portée par la garonne. Le fleuve et plus loin le Stadium en guise d’horizon. Les infiltrations sous les orages. Le froid en hiver. La misère et l’indignité.
Les toulousains installés là, dans des conditions manifestement insalubres ont ils eux aussi demandé, en vain, l’application du droit au logement opposable ? Cette farce administrative …
Effet direct de la crise ou conséquence de l’inertie des pouvoirs publics ? Force est de constater l’émergence d’une véritable « jungle toulousaine » à proximité de l’ile du Ramier. De part et d’autre de la Garonne. Loin du centre ville, loin des yeux, tels des lépreux cachés et reclus des misérables tentent de survivre.
Après l’épisode Don Quichotte avec « tentes Quechua » installées place du Capitole puis quartier de l’Arsenal, après l’épisode du quartier- campement fermé « pour protection des espaces verts » bord du canal Matabiau les autorités seront elles enfin capables de regarder la réalité pour agir efficacement ?
Pour mémoire voici ce que chantait Claude Nougaro
« Regarde là, ma ville.
Elle s’appelle Bidon,
Bidon, Bidon, Bidonville.
Vivre là-dedans, c’est coton.
Les filles qui ont la peau douce
La vendent pour manger.
Dans les chambres, l’herbe pousse.
Pour y dormir, faut se pousser.
Les gosses jouent, mais le ballon,
C’est une boîte de sardines, Bidon.
Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d’un pays
Où les hommes sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade.
J’ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux.
Regarde là, ma ville.
Elle s’appelle Bidon,
Bidon, Bidon, Bidonville.
Me tailler d’ici, à quoi bon ?
Pourquoi veux-tu que je me perde
Dans tes cités ? A quoi ça sert ?
Je verrais toujours de la merde,
Même dans le bleu de la mer.
Je dormirais sur des millions,
Je reverrais toujours, toujours Bidon.
Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d’un pays
Où les hommes sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade.
J’ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux.
Serre-moi la main, camarade.
Je te dis : « Au revoir ».
Je te dis : « A bientôt ».
Bientôt, bientôt,
On pourra se parler, camarade.
Bientôt, bientôt,
On pourra s’embrasser, camarade.
Bientôt, bientôt,
Les oiseaux, les jardins, les cascades.
Bientôt, bientôt,
Le soleil dansera, camarade.
Bientôt, bientôt,
Je t’attends, je t’attends, camarade. »
photo (c) John Lipton