Hormis le camp UMP, l’annonce de la ministre de l’enseignement supérieur Valérie Pécresse sur le financement du plan Campus toulousain n’a pas convaincu la majorité des élus toulousains. Voici leurs réactions en forme de tir de barrage.
Pierre Izard Président du Conseil général de Haute Garonne : « Je déplore que les questions que j’ai posées à Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, lors de sa visite à Toulouse, soient restées sans réponse, à savoir : Aurons la certitude de pouvoir assurer des maitrises d’ouvrage publiques d’opérations immobilières universitaires ? Allez-vous nous annoncer qu’à ce titre l’Etat nous accordera des subventions ? Allez-vous nous dire si la dotation en capital sera effectivement transférée au niveau local ou gérée à Paris ? Allez-vous au contraire, nous annoncer que le PRES Université de Toulouse ne bénéficiera que d’une allocation annuelle de fonctionnement destinée au paiement des loyers aux entreprises intervenant dans le Partenariat-public-privé ? »
Martin Malvy président du Conseil régional de Midi Pyrénées : » il manque au Plan Campus le dossier majeur du centre d’intégration pour les nanotechnologies (…) Le Plan Campus ne pourra être jugé que quand l’annonce faite par la ministre de la prise en charge du centre d’intégration des nanotechnologies au titre du grand emprunt nous sera officiellement confirmée. La dotation de 350 M€ ne permettra de réaliser que 150 à 170 M€ d’investissements contre les 250 M€ qu’attendait au minimum la communauté universitaire. La création de ce centre d’intégration est l’enjeu majeur pour la recherche et l’industrie en Midi-Pyrénées. J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec l’administrateur général du CEA et la ministre s’est engagée à ce que nous puissions en reparler bientôt. Je prends acte par contre, avec satisfaction, de ce que Valérie Pécresse n’a pas renouvelé aujourd’hui, en la présence du président du Conseil général, du président de la Communauté urbaine de Toulouse, ces propos appelant à une plus forte participation des collectivités locales : elle n’a pas contesté les chiffres que je lui ai rappelés devant la communauté universitaire et de recherche. Au stade de leur engagement, ce sont 545 M€ que la Région, le Département et la Communauté urbaine investiront sur le périmètre de l’opération Campus à titres divers, dans les 5 ans qui viennent, dont 323 M€ pour le seul Conseil régional, dans la mesure où la réforme des finances locales permettra aux collectivités de continuer à s’engager dans des actions qui sont indispensables à l’avenir économique de Midi-Pyrénées mais qui relèvent aujourd’hui en réalité de la seule compétence de l’Etat. »
Jean Luc Moudenc, conseiller municipal d’opposition : » J’ai passé ma matinée aux côtés de Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, présente à Toulouse pour dévoiler le financement, par l’Etat, du Plan Campus toulousain, d’une ampleur inégalée… L’objectif du Plan Campus, lancé en 2008 par l’Etat, peut se résumer pour l’Université toulousaine autour de ces quatre mots : unité, visibilité, attractivité et diversité. Si ce projet d’avenir fait l’unanimité, l’étape la plus délicate, comme toujours, porte sur le plan de financement. » L’ancien président du PRES de Toulouse, Jacques ERSCHLER, remplacé depuis le mois de juin dernier par Louis CASTEX, avait sollicité 396 millions d’euros auprès de l’État tout en annonçant que les collectivités locales devraient également mettre la main à la poche avec plus de 200 millions d’euros pour financer le Plan Campus. Aujourd’hui, Valérie Pécresse a dévoilé le montant de la dotation de l’Etat pour ce projet d’avenir pour notre ville : 527 millions d’euros ! Il s’agit d’une enveloppe colossale qui comprend 175 millions d’euros pour la rénovation complète du Mirail, 350 millions d’euros au titre du Plan Campus et 2 millions d’euros dans le cadre du plan de relance qui vont permettre de démarrer tout de suite les études préalables aux projets. Alors que depuis des mois, les collectivités locales, autour de Mr COHEN, crient au désengagement du Gouvernement en matière de recherche et à « la mauvaise politique menée par le gouvernement contre la recherche », ces dernières se sont contentées de mettre sur la table 25 millions d’euros chacune. Quand l’Etat finance à plus de 90% le Plan Campus à Toulouse, les collectivités locales se serrent les coudes dans l’avarice…tout en donnant des leçons. Quel culot ! »
Bertrand Monthubert, Secrétaire national du PS à l’enseignement supérieur et à la recherche , Professeur à l’université Paul Sabatier (IUT de Tarbes) : « Valérie Pécresse est venue à Toulouse pour annoncer, dans une école d’ingénieurs, le montant alloué au projet toulousain de Plan Campus. Si les montants en jeu peuvent paraître importants, il est nécessaire de rappeler que les besoins sont immenses, comme en témoigne l’état des locaux. Mais surtout, en choisissant de ne pas donner cet argent pour réaliser directement des opérations immobilières nécessaires, mais en dotant en capital des fondations, le compte n’y est pas. Les calculs déjà effectués dans d’autres villes montrent que pour 350 millions attribués, en 25 ans il ne sera possible d’en utiliser que la moitié ! Où trouverons-nous l’argent qui manque ? Ce dont les universités toulousaines ont besoin, c’est d’argent utilisable dès maintenant, et intégralement. Par ailleurs, les étudiants ont besoin de réponses immédiates pour faire face à l’augmentation de leurs frais, évaluée à plus de 3% cette année. Alors que la crise les affecte directement ainsi que leurs familles, le PS propose la mise en place d’une allocation d’autonomie permettant aux étudiants de réussir leurs études. Valérie Pécresse tente de faire oublier la crise universitaire qui s’est déroulée pendant plusieurs mois. Mais les motifs de mécontentement sont toujours présents, et la mise en place de ses réformes créent de grosses difficultés, que ce soit en ce qui concerne la formation des maîtres ou le statut des enseignants-chercheurs, qui entraîne un fort désinvestissement. En utilisant la méthode Coué, Valérie Pécresse témoigne de son mépris pour les universitaires« .
Brigitte Barèges, député maire UMP de Montauban et candidate aux élections régionales : « A l’occasion de l’inauguration des nouveaux locaux de l’ENSIACET (Ecole nationale supérieure des industries et des arts chimiques), la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie PÉCRESSE, a annoncé, jeudi 10 septembre 2009, que l’Etat allait consacrer une dotation de 527 millions d’€ aux universités et à la recherche toulousaines. Sur ces 527 millions d’€ : 350 millions d’€ seront attribués aux projets immobiliers du Campus toulousain, 2 millions d’€ seront attribués, en plus de la dotation Campus, dans le cadre du plan de relance, et seront versés immédiatement afin que les études préalables puissent être lancées au plus vite, 175 millions d’€ seront enfin consacrés à la rénovation de l’Université Toulouse 2 Le Mirail. Il s’agit donc d’un plan d’aide ambitieux et sans précédent, ce dont tous les Midi-Pyrénéens doivent se réjouir.
Plus spécialement, en tant que parlementaire en charge de suivre la correcte exécution du plan de relance dans notre région, je me félicite de la décision de Valérie PECRESSE d’abonder de 2 millions d’€ l’enveloppe de 13 millions d’€ déjà consacrée dans le cadre de ce plan à l’enseignement supérieur. Pourtant, à l’occasion de la cérémonie d’inauguration des nouveaux locaux de l’ENSIACET, les responsables socialistes des différentes collectivités territoriales se sont succédés à la tribune afin de se lamenter, une fois de plus, sur le soi-disant désengagement de l’Etat. En particulier, le président de région, Martin Malvy, reprochait à la Ministre de considérer les collectivités territoriales comme la « Caverne d’Ali Baba ». On ne peut qu’être surpris et atterré par cette mauvaise foi tant l’ampleur des dotations de l’Etat aux universités et écoles toulousaine annoncées ce jour est exceptionnelle. Sans doute, la gauche régionale est-elle enfermée dans des schémas dogmatiques et dépassés. Par exemple, on ne peut revendiquer, à l’occasion du débat qui va s’engager prochainement au Parlement sur la réforme des collectivités territoriales, le maintien de la clause de compétence générale et s’abriter derrière le fait que l’enseignement supérieur ne fasse pas partie de leurs compétences obligatoires pour ne pas avoir à le financer.
De même, il est désolant d’observer les réticences de ces mêmes responsables socialistes face aux procédés de partenariats publics-privés qui seront utilisés pour la construction et la maintenance de bâtiments, notamment de l’Université Toulouse 2 Le Mirail, alors qu’il s’agit de dispositifs innovants, sûrs, rapides et moins coûteux. Engagée comme moi dans un combat difficile pour conquérir une région socialiste, je tiens donc à remercier tout particulièrement Valérie Pécresse pour les mesures annoncées et salue son courage et sa ténacité face aux critiques dont elle a eu à connaître aujourd’hui. »