A partir d’aujourd’hui, tout peut basculer. Et la défense de Total et Grande Paroisse l’a bien compris. Les avocats ont bousculé la thèse soutenue par les parties civiles et le parquet, du départ de l’explosion d’AZF dans le box de son hangar 221.
Hier, après 8 heures de réquisitions le procureur de la république avait requis contre les deux sociétés et Serge Biechlin les peines maximum.
Pour sa stratégie la défense de Total et Grande Paroisse a mis à mal la stratégie des parties civiles.
« J’ai l’arrogance de défendre le groupe Total et Thierry Desmarest », déclare Maître Jean Veil en début d’audience. Surpris par la position du parquet de ne pas poursuivre Total et son ex-directeur, le célèbre ténor parisien demande au tribunal de rejeter la demande du procureur de la république.
« Puisque nous sommes dans une enceinte judiciaire, je vous propose de faire du droit, rien que du droit, sans mensonge, sans amalgame, sans arrière pensée politique ou électorale. »
Total : une entreprise tricolore
« Est-ce que Total est un co-auteur indirect ? » Selon l’avocat de la défense,non. La « seule » faute retenue contre Total : privilégier la rentabilité à la sécurité.
Jean Veil a accusé la presse de véhiculer l’image d’une « entreprise de déni, d’arrogance ». « Je plaide aujourd’hui pour que les Français comprennent que ces entreprises sont aussi les leurs ». Est-ce que son premier président est responsable de la sécurité ici ? « La France, ce n’est pas que le French Cancan, la mode, le cassoulet, c’est aussi les grandes entreprises, leurs dirigeants, et notamment Total ».
« Grimper le pic du Midi en espadrilles »
Après la défense de Total, la parole est donnée à Me Jacques Monferran, avocat de Grande Paroisse. « Monsieur le président, mesdames, messieurs du tribunal, je ne vais pas plaider, du moins de la manière convenue que je connais depuis 40 ans. »
Pas de plaidoirie mais un long récit chronologique de son accompagnement des clients. Pour contre attaquer, l’avocat de Grande Paroisse a exploité toutes ses cartes en main.
Pour rester maître de la partie il a posé sur la table tous ses atouts : Serge Biechlin, la SNPE ou encore les tracas de l’enquête. Pour lui les méthodes policières ont été truquées. Et notamment ce « questionnaire » formaté, distribué à tous les policiers, afin de « faciliter » le travail d’interrogatoire. La polémique est lancée.
Maître Montferrand explique au président qu’il lui a préparé un jugement. « Vous, dans ce dossier, vous allez devoir inventer. La vérité, le plus souvent, c’est qu’on ne sait pas. Les parties civiles, le Parquet vous amène une belle limousine : « Montez, on va mettre la climatisation… ». Et moi, je suis en train de vous dire : « Prenez le sac à dos, on va grimper le Pic du Midi en espadrilles. Grimpez, grimpez !!! ». Ainsi se termine la plaidoirie de la défense.
Oïhana Igos