Derniers jours d’audience pour le procès de la catastrophe de l’usine AZF. Depuis une semaine, les avocats des parties civiles se succèdent à la barre. Après le réquisitoire du ministère public mercredi, les avocats de la défense prendront la parole.
Le procès s’enlise. »Je suis le 27 ème avocat des parties civiles à intervenir. »
C’est par ces mots que Me Jean-Paul Teissonnière, avocat de la CGT, débute sa plaidoirie. Des avocats. Des parties civiles. Chaque jour se ressemble.
Coupable idéal : Total
En cause aujourd’hui : le groupe Total. « La faute dans l’organisation, c’est le procès de la sous-traitance, l’abus de sous-traitance qui désorganise l’entreprise et entraîne une situation d’insécurité pour les salariés et les riverains. » Me Jean-Paul Teissonnière ne mache pas ses mots. Les plaidoiries des parties civiles dénoncent le manque de sécurité de l’usine AZF.
« L’évaluation des risques fait partie des secteurs stratégiques de Total. » l’avocat de la CGT enfonce le clou. Et si Total avait tout à gagner d’une explosion ? L’idée dérange. A l’avocat de conclure « Je considère qu’il y a un manquement en matière de contrôle. » C’est dit : pour lui, la faute est au manque de sécurité. « Les expertises judiciaires, la seule est celle donnée par les experts du groupe Total. »
La fin de la plaidoirie de Me Jean-Paul Teissonnière est sans appel. Mais pas sans rappeler la semaine qui vient de passer. « Total a failli dans ses contrôles, pour ces raisons, je vous demande de retenir la responsabilité pénale de Total et de son dirigeant Thierry Desmarest ».
AZF serait-il un nouvel Erika?
« Dans cette affaire, Total n’est ni l’afrêteur, ni le transporteur. Et pourtant la faute reprochée à Total consiste dans une mauvaise exécution dans son activité de vetting (contrôle des navires). Le tribunal fait référence à la charte sécurité environnement de Total. Le contrôle volontaire, qui résulte de la charte, constitue une norme dont Total devra répondre. » La plaidoirie de Me Jean-Paul Teissonnière a rappelé les faits repprochés à Total lors de la catastrophe de l’Erika. Pour l’avocat de la CGT comme pour Me Agnès Casero avocate du comité de défense des victimes, la responsabilité est celle de Total. Bilan des courses : les affaires se suivent mais les leçons ne sont pas sues.
La fin de ce procès s’annonce polémique. Comparaisons litigieuses avec l’affaire de l’Erika. Soupçons de contrôle du groupe Total sur la justice. Comparutions des vedettes du show Total. Le procès spectacle d’AZF fait des siennes. On ne comprend pas bien où tout ça va conduire. Indemnités. Condamnation. Dans une affaire où chaque acteur s’écoute parler, il semble bien difficile de démêler les noeuds de l’enquête. Affaire à suivre… encore.
Oïhana Igos