Tous les avocats des parties civiles sont au moins d’accord sur une chose, remettre un peu d’humanité et de respect dans ce procès qui n’en finit plus de chercher une explication. Un terme revient souvent lors des plaidoiries : celui de la vérité.
Mais, un problème se pose depuis trois mois : l’accusation n’arrive pas à se fédérer autour d’ une hypothèse, alors que la défense se serre les coudes.Me Benayoun et Me Topaloff ont évoqué mercredi une cause vraisemblable, l’accident chimique.Avec un Objectif : la cohésion des thèses des parties civiles. Plus agressif, Me Levy accuse le directeur d’AZF et la société Grand Paroisse, pour « leur manquement aux obligations de sécurité ».
Accident industriel
« Je pourrais parler de ce qui a pollué ce procès, à l’appui de différentes thèses. », plaide Maître Denis Benayoun, avocat d’une partie du personnel enseignant et administratif du lycée Galieni, et de victimes. En abordant le dossier de l’usine AZF, il y a une multitudes de thèses. Pourtant une seule thèse est plausible, l’accident. Toutes les autres pistes évoquées : de la bombe de la Seconde guerre mondiale à la météorite en passant par l’ovni sont écartées. Plus de doute non plus sur la thèse d’acte terroriste. « Aller faire exploser des rebuts dans le 221, alors qu’à quelques mètres se trouvait un stock de 1500 tonnes de nitrates, relèverait de l’amateurisme. Le terrorisme ne se commet pas avec l’amateurisme.
« En chimie, 1 et 1 ne font pas toujours 2 »
Maître Sylvie Topaloff, avocate de la CGT a elle aussi soutenue l’accident chimique comme explosion. Mais une question réside. Elle pourrait bien être un sujet de philosophie pour les candidats au baccalauréat de demain : Comment le chlore et le nitrate ont pu se mélanger ? Pour Me Topaloff, il y a une désorganisation dans la filière des déchets. « Ma surprise, dans ce dossier, a été de découvrir que dans la chimie, tout pouvait être sujet à controverse, polémique. Je me suis rendue compte que 1 et 1 ne faisaient pas toujours deux. »
L’accusation met en cause une mauvaise tenue de l’usine où toutes les règles de sécurité n’auraient pas toutes été respectées. La défense de Total-Grande Paroisse maintient au contraire que les salariés qui interviennent sur le site sont si parfaitement formés qu’ils n’auraient jamais pu commettre ce mélange interdit. L’avocate de la CGT accuse, « la défense n’a pas cherché la vérité. Elle a cherché à se défendre ».
Sécurité
Maître Levy, avocat de salariés d’EDF et d’une famille de victimes a démontré les fautes de Serge Biechlin et la société Grand Paroisse dans la catastrophe. « Il appartient à l’entreprise de faire face aux obligations de sécurité. Elle pèse sur le chef de l’entreprise. De nombreux manquements à ces obligations sont pénalement sanctionnés et constituent des fautes ». La catastrophe a fait deux catégories de victimes : les salariés et les tiers. Les premiers étant considérés comme accidentés du travail. L’accusation demande de sanctionner M. Biechlin et de Grand Paroisse pour l’infraction au code du travail et aux blessures.
La cour devra elle aussi se pencher sur ses copies pour trouver une vraie explication à cette tragédie.
Oïhana Igos