Jeudi 28 mai à la Cour d’assises de Toulouse, 3 jeunes hommes ont été reconnus coupables de braquage à main armée dans une parfumerie toulousaine.
9 ans après les faits les inculpés ont échappé au couperet : 3 ans de prison avec sursis et 2 ans de mise à l’épreuve. Aucun emprisonnement.
Après une audience de plusieurs heures et une délibération de plus de 2 heures, la Cour a préféré laisser libre Anthony. B, Nicolas. C et Jeremy. P.En février 2000, les 3 jeunes hommes, mineurs à l’époque des faits ont commis une lourde faute.
L’ambiance a été lourde et oppressante tout au long du procès. Du fait de la personnalité des accusés, tous récidivistes, encadrés par leurs familles. Tétanisées à l’idée de ne plus les voir pendant 5 ans. C’était la peine encourue pour les prévenus.
« Ce sont des paumés qui ont eu envie d’exister un jour, non pas de vivre mais d’exister, de faire quelque chose ! » a commencé un avocat de la Défense. » Pour quelle finalité ? Quatre malheureux parfums », a-t-il lancé aux jury en espérant son indulgence.
« Si on faisait un braquage ! »
Le point de départ de cet enchaînement d’événements, c’est l’état d’ébriété des trois complices et le souhait de se procurer de l’argent facilement et rapidement. Ils ont avoué avoir bu plusieurs « desperados » (bières mexicaines) et consommé du haschisch.
« Cet état les a conduit tout droit dans un monde irréel » a ajouté la Défense. » Et si on faisait un braquage! Ils se voyaient dans un film « .
Commence une série d’actions peu organisées mais « pas pour autant innocentes », entrevoit l’avocat général. C’est en pleine journée que les faits ont eu lieu. D’abord le vol d’une voiture type Renault Scénic. Ensuite, les trois jeunes se garent devant un magasin « choisi au hasard » : une parfumerie.
A côté de celle-ci, une bijouterie.
Alors que sa propriétaire Christine B remarque la présence inhabituelle de la voiture, deux des malfaiteurs entrent dans la boutique et menacent la vendeuse avec un fusil à pompe. Toujours inquiète, la bijoutière est sortie de son magasin et s’est précipitée dans la boutique. »Pour porter secours à la jeune fille » affirme Madame Christine B.
Courageuse, elle a fait fuir par ses cris les braqueurs aux visages découverts. Stupéfaction des 12 jurés.
Pris de panique, ils ont embarqué 4 flacons de parfums et sauté dans le véhicule qui a démarré en trombe. Cependant, la rue bloquée par un camion de livraison les a conduit à faire marche arrière. Dans cette manoeuvre, ils ont accroché plusieurs voitures stationnées. De nombreuses personnes ont relevé le code numéralogique de la voiture et ont pu identifier les voleurs. Ils seront interpellés dans la journée.
Effervescence de gangsters
À la barre, les avocats relèvent l’amateurisme des accusés. « On ne peut mélanger cette affaire à celle d’une banditisme ». Emportés par la fièvre des grands criminels ils ont pensé que rien ne les arrêteraient. « Ils se sont attaqués à une femme » précise cependant l’avocat général. « Ils ont eu peur d’une autre femme non-armée », rétorque la Défense.
Dans une audience un peu tendue, le verdict est tombé en fin d’après-midi condamnant les 3 hommes à une peine de 3 ans de prison avec sursis et 2 ans de mise à l’épreuve, soit une obligation de prouver à la justice une activité rémunérée tous les mois. Ils ont écouté en silence le président attribuer les peines, c’est tout leur espoir qui est devenu réalité.
La justice a reconnu leur culpabilité mais a préféré appliqué une peine « constructive ».
Cette condamnation sans emprisonnement ferme sanctionne bien ces délinquants d’un jour, mais avec une nouvelle dimension : celle de leur offrir une deuxième chance.
Oïhana Igos