Dans la salle d’audience n°5 du tribunal correctionnel de Toulouse, les affaires de trafic et de consommation de cannabis défilent. Parmi les accusés plutôt jeunes, un homme de 47 ans se démarque, Jacques B. Il semble agité, se retourne plusieurs fois. Il est inquiet. Qui ne le serait pas ?
accompagné de sa tutrice
Après plusieurs heures d’audience, Jacques est appelé à la barre par l’huissier de justice. Nerveux, il écoute attentivement les faits relatés par le juge. « Monsieur B., il vous est reproché d’avoir effleuré la cuisse de Madame D. employée d’un salon de coiffure à Toulouse… ».
Agrippé à la barre, Jacques B. approuve les faits et les regrette. « Je m’excuse »répète-t-il à plusieurs reprises. L’homme, atteint d’un handicap mental depuis sa naissance, est accompagné de sa tutrice. « Jacques a été puni par son centre, cependant je ne pense pas qu’il puisse réellement se rendre compte de la gravité de son geste », déclare-t-elle.
Un après-midi d’automne, dans le salon de coiffure, Jacques B. s’est montré insistant à l’égard de Julie D. Ce jour-là, elle portait une jupe avec des bas noirs. L’avocat général s’est d’ailleurs inquiété de la « passion » de l’accusé pour la lingerie féminine. « C’est joli » avoue Jacques. Sourires dans la salle.
Après plusieurs sollicitations envers la jeune fille d’une vingtaine d’années, il est sorti de son plein gré. «J’étais triste ». Dans l’épicerie la plus proche, il a consommé un pack de bières avant de finir de s’alcooliser dans un café. En face du salon.
pas d’atteinte à l’intimité de la personne
Vers 19 heures, Julie D. reste seule pour fermer la boutique et Jacques B. tente de nouveau sa chance. Paniquée, elle baissa la grille du magasin. « Il a passé sa main sous la grille et a caressé la cuisse de ma cliente » rapporte l’avocat de la partie civile. « C’est pas vrai, j’ai touché que le genou » se défend Jacques.
Peut-on parler d’agression sexuelle ? Non, la réponse fait l’unanimité. Ce geste n’a aucun caractère sexuel puisqu’il ne porte pas atteinte à l’intimité de la personne. Et on ne peut parler d’agression. L’avocat demande à la cour « la plus grande clémence envers cet homme qui a déjà été puni ». La première : un coup de poing du père de Julie D. La seconde : un coup de poing du petit-ami. La troisième et la dernière : privation de sorties pendant deux mois par le centre.
La cour accordera sa clémence à cet homme. « Ouf ! » soupire Jacques. Il remerciera l’ensemble de la cour, empoignera chacune de leurs mains avant de s’en aller tout sourire.
Oïhana Igos