Sacs de couchage, nourriture, poêles de fortune, packs de bières, des bouts de verre par terre, des tags et des graffitis sur les murs et dans les salles de cours, c’est une faculté dévastée qu’occupent les étudiants en grève de l’Université du Mirail.
Rester au front
Après 3 mois de grève, l’AG autonome de l’université du Mirail a reconduit son blocage jusqu’à mardi prochain. Au moins.Avec un objectif : que le gouvernement revienne sur la loi d’autonomie des Universités. Alors qu’il faudrait encore huit semaines de cours pour pouvoir passer un examen la question se pose aujourd’hui : les étudiants pourront-ils valider leur année et obtenir leurs diplômes ?
C’est dans un paysage de chantier urbain, pour ne pas dire de guerre avec entrées de bâtiments bloquées et messages révolutionnaires, que nous avons rencontré les meneurs de la contestation étudiante toulousaine.
Jeff, habillé d’une veste militaire, d’un foulard palestinien et cheveux courts, en 3ème année de Licence de Psychologie et porte-parole du Mouvement étudiant de l’université « il faudra les repasser l’année prochaine » parce que nous avons décidé de « Rester au front ».
En clair de poursuivre le blocage et ce, coûte que coûte. Le scénario est simple. Chaque semaine depuis des mois, les bloqueurs organisent AG sur AG. Avec un but : maintenir le piquet de grève. A l’approche des examens, certains étudiants s’inquiètent pour valider leur année, mais sur les étudiants présents à l’AG d’hier, « la majorité a voté : il faut rester au front » affirme Jeff.
Pas de violence mais la convergence des luttes avec les ouvriers en lutte
A tout prix ? Non, pas celui de la violence répondent les bloqueurs. »A Rangueil l’université à été débloquée violemment. Certains ont été blessés. Ils ont du lever le piquet. Je comprends, j’aurai fait la même chose », confie-t-il. Militant depuis 5 ans, ce jeune de 24 ans veut mettre en place une stratégie sans violence et associer les étudiants aux entreprises en crise, comme Molex Villemur.
La convergence ouvriers/jeunes a déjà eu lieu en mai 68.
Pour que le mouvement ne s’essouffle pas, plusieurs manifestations sont d’ores et déjà prévues dans les prochains jours. Et les examens ne leur feront en aucun cas renoncer. « J’ai perdu 3 ans à cause des réformes, j’aurais pu apprendre en 2 ans ce qu’on a fait en 3, donc un an de plus ne change pas grand chose » poursuit encore l’un des grévistes qui semble avoir passé la nuit sur place.
Confidence, l’année prochaine, il prévoit quand même de partir du Mirail pour poursuivre ses études à Aix-en-Provence.
Oïhana Igos et Christophe Cavaillès