Le conflit en Afghanistan est devenu plus intense ces derniers mois, a souligné mardi devant le Conseil de sécurité le représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, Kaï Eide, pour qui une série de décisions déterminantes doivent être prises dans les prochaines semaines par la communauté internationale.
Les résultats définitifs des élections du 20 août seront bientôt fixés et certifiés, a dit M. Eide, qui a souligné qu’il y avait eu des fraudes et des irrégularités et que la participation avait été faible.
Grâce aux efforts de la Commission électorale indépendante, de la Commission de recours et à l’assistance d’experts étrangers qui effectuent un audit de l’élection, le processus est conforme aux normes internationales, a-t-il assuré. Il permettra de parvenir à un résultat crédible rapidement, ce qui signifie qu’un éventuel second tour pourra être organisé avant l’hiver, évitant ainsi une longue période de vide politique ou d’;instabilité.
Quand le processus électoral sera déterminé, il devra être respecté par tous, a déclaré M. Eide. Il a souhaité la nomination d’un gouvernement qui inspire le peuple afghan et lancera ainsi un signal important à la communauté internationale et aux donateurs. « Nous ne pouvons pas permettre que les seigneurs de la guerre et autres ‘;aiseurs de rois’ continuent de contaminer les institutions », a souligné M. Eide. Cela prendra du temps, a-t-il reconnu.
Le second défi pour le futur président sera d’adopter un ordre du jour qui corresponde aux aspirations du peuple afghan. Selon M. Eide, il faut un nouveau pacte entre le gouvernement afghan et son peuple, incluant une meilleure gouvernance locale, la lutte contre la corruption, et le renforcement de l’état de droit.
D’importantes décisions doivent être prises par la communauté internationale, a poursuivi le Représentant spécial. Il a jugé nécessaire de renforcer à l’avenir les forces de sécurité afghanes, de mieux les entraîner et de mieux les équiper. Mais il ne s’agit pas seulement de chiffres, a déclaré M. Eide, qui a rappelé que le taux d’abandon dans la police afghane était de 20 à 25%. Les efforts d’équipement ne peuvent être le fait des seuls États-Unis, a-t-il par ailleurs affirmé. Il a appelé à un élargissement de cette assistance.
Selon lui, il faudrait « un immense programme » de renforcement des institutions afghanes, alors qu’un quart des gouverneurs de district n’ont même pas reçu une éducation primaire et que, dans des proportions comparables, ils ne disposent ni d’un bureau ni d’un véhicule.
M. Eide a dit comprendre l’impatience de la communauté internationale à voir des résultats en matière de développement économique après tous les investissements consentis. Il a prôné une approche à deux voies, avec des projets réalisables qui améliorent rapidement et visiblement le sort de la population, y compris dans les zones de conflits, mais aussi des projets à long terme. Pour l’instant, trop peu de ressources sont consacrées aux projets à long terme, a-t-il regretté. M. Eide a rappelé qu’il avait lui-même présenté des projets dans les secteurs des transports ferroviaires et de l’électrification. Il a demandé une simplification des structures institutionnelles afghanes par la bureaucratie, qu’il juge trop rigide.