« Les décideurs politiques doivent lutter plus ardemment contre la marginalisation et la stigmatisation des personne avec une déficience intellectuelle et favoriser leur participation et leur intégration à la société » a déclaré lundi Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, à l’occasion de la publication de son dernier point de vue.
« Les personnes avec une déficience intellectuelle sont rarement écoutées et encore moins consultées et nombre d’entre elles restent confinées dans des institutions inhumaines d’un autre temps. Les conditions de vie sont effroyables dans certaines structures d’accueil de nombreux pays, qui offrent peu de possibilités de réadaptation, si ce n’est aucune. Il n’est pas rare que des personnes avec une déficience intellectuelle soient placées avec des patients psychiatriques et qu’on leur administre contre leur gré des sédatifs dont elles n’ont pas besoin. Elles sont parfois privées de liberté et traitées comme si elles étaient dangereuses. »
Autre problème encore, les familles dont un membre présente une déficience intellectuelle sont souvent abandonnées à elles-mêmes malgré le rôle déterminant qu’elles pourraient jouer en tant qu’aidant et leur aptitude à comprendre la personne handicapée et à communiquer avec elle. « La triste conséquence de cet état de fait est que les proches ne réussissent pas à faire face à la situation. La personne présentant une déficience intellectuelle est alors considérée comme un fardeau, ni plus ni moins. »
Après avoir mis l’accent sur des mesures positive mises en place dans certains pays, tels l’Albanie, « l’ex-République yougoslave de Macédoine » et la Serbie, le Commissaire souligne que davantage d’efforts sont nécessaires pour développer des services appropriés au niveau local, notamment pour ce qui est de la scolarisation, des soins de santé, de la vie familiale et de l’assistance aux enfants. Il rappelle également l’existence de normes internationales en la matière et il exhorte les pays du Conseil de l’Europe à ratifier la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées et à s’employer à mettre en œuvre son plan d’action 2006-2015.
« Il est urgent de passer des paroles aux actes et de veiller à ce que des mesures soient prises, concrètement. La Convention des Nations Unies exige que les Etats mettent en place un mécanisme de coordination de l’action gouvernementale, instaurent un système indépendant de suivi de l’application de la convention et invitent la société civile – notamment les personnes handicapées elles-mêmes et leurs organisations – à participer aux activités de suivi. En combattant la stigmatisation et l’exclusion des personnes avec une déficience intellectuelle et en favorisant autant que possible leur participation et leur intégration à la société, ces mesures contribueraient à un véritable changement. Un changement qui rendrait nos sociétés plus humaines. »