Les graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire commises actuellement en Somalie pourraient constituer des crimes de guerre, a déclaré vendredi la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay.
Les attaques contre les civils sont l’un des aspects majeurs des conflits qui frappent la Somalie depuis 1991. « Dans cette nouvelle vague d’attaques, il est clair que les civils, particulièrement les femmes et les enfants, sont les principales victimes de cette violence », estime-t-elle dans un communiqué. « Il est nécessaire de faire davantage pour protéger les civils. Les personnes déplacées et les défenseurs des droits de l’homme, les travailleurs humanitaires et les journalistes, sont parmi les plus exposés, et dans certains cas sont directement visés ».
Navi Pillay précise que des officiers des droits de l’homme de l’ONU ont eu des entretiens avec des réfugiés et des déplacés ayant fui la récente vague de violence à Mogadiscio et le sud et le centre du pays qui a démarré début mai.
Des témoins ont dit aux enquêteurs de l’ONU que les groupes Al Shabaab qui se battent pour renverser le gouvernement de transition ont procédé à des exécutions extrajudiciaires, ont posé des mines, des bombes et d’autres engins explosifs dans des zones civiles, et ont utilisé des civils comme boucliers humains. Des combattants des deux côtés auraient utilisé la torture, et tiré des obus de mortier de manière aveugle dans des zones peuplées de civils. Il y a également de plus en plus de preuves au cours des derniers mois concernant l’ampleur et la nature du recrutement d’enfants par diverses forces se battant en Somalie, ce qui est également une grave violation des droits de l’homme et du droit humanitaire. La majorité de ces enfants sont âgés de 14 à 18 ans.
« Certains de ces agissements pourraient être qualifiés de crimes de guerre », a conclu Mme Pillay. « Une fois l’ordre restauré, et un jour il le sera, ceux qui sont responsables des violations des droits de l’homme et des abus devraient, et j’espère le seront, être traduits en justice », a-t-elle ajouté.
« La collecte des preuves par tous ceux qui sont en mesure de le faire doit continuer afin que ceux qui commettent des crimes terribles en Somalie reçoivent la punition qu’ils méritent devant un tribunal, et que leurs victimes voient enfin la justice se réaliser », a-t-elle dit.
Actuellement, les institutions judiciaires ont cessé de fonctionner à Mogadiscio et dans les régions du centre et du sud. Des employés de l’ONU ont des informations crédibles selon lesquelles dans des zones contrôlées par des groupes insurgés des tribunaux ad-hoc jugent et condamnent des civils, en violation du droit somalien et du droit international.